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Développement de la philosophie mécanique

qu’elle occupe amenait forcément la conséquence suivante : si les molécules dont chaque corps est formé ne sont douées d’aucune autre propriété que celle d’occuper de l’espace, ces molécules ne possèdent ni dureté, ni forme spécifique ; elles sont divisibles à l’infini et leur figuration caractéristique n’est due qu’à l’action mécanique du milieu dans lequel elles se meuvent. Cette figuration, pour les purs cartésiens, est accidentelle et momentanée ; par suite, rien n’empêche un corps choisi absolument au hasard de se transformer en tel autre corps que l’on voudra. La matière indéterminée qui forme le monde peut prendre n’importe quel aspect ! Aussi les physiciens cartésiens ne déclarent aucunement que les transmutations que l’ancienne chimie espérait réaliser soient choses vaines et impossibles ! Et nous avons vu précédemment qu’aux ambitions des philosophes hermétiques, ils n’opposaient aucune objection de principe ; contre les doctrines qui assignaient à l’évolution du règne métallique un terme fixe et intangible, ils déclarèrent qu’aucun corps, fût-ce l’or, n’est plus parfait qu’aucun autre ; que la matière, indifférente à son propre état, n’aspire vers aucune perfection ; et que si la transformation des minéraux en or ou en tel autre corps n’est pas logiquement absurde, rien ne nous indique la voie par laquelle l’industrie pourrait la réaliser[1].

La plupart des chimistes, qui s’étaient plu à figurer

  1. Voir chap. 2.