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les doctrines chimiques en france

par des images différentes les formes supposées des molécules variées dont sont faites les substances observables, la plupart des chimistes ne poussèrent pas aussi loin que les physiciens cartésiens la logique de la doctrine dont ils se croyaient partisans. Reprenant et modifiant les idées des atomistes, ils stabilisèrent, si l’on peut s’exprimer ainsi, les figurations qu’ils avaient attribuées à leurs particules ; ces particules devinrent des êtres immuables, permanents, inaltérables, indéformables et parfaitement durs… Celles de l’or sont différentes, ont toujours été différentes et seront toujours différentes de celles du sable ou de celles des autres métaux[1]… Toute réaction chimique, qui unit ou qui sépare ces molécules, se réduit à une apparence. Pour les atomistes donc, comme pour les cartésiens, l’univers, toujours semblable à lui-même, n’aspirait ou ne tendait vers aucun état d’équilibre parfait et définitif. Pour les uns comme pour les autres, les réactions chimiques ne seraient que la conséquence, ou plutôt la traduction sensible, de phénomènes mécaniques, suite du mouvement imprimé à la matière lors de la création. Mais, alors que les cartésiens admettaient seulement la stabilité du monde pris dans son ensemble, les atomistes supposèrent la stabilité de chacune des particules qui caractérisent un corps simple chimique ; ces insécables particules devinrent des individus ayant une existence propre et possé-

  1. Voir citation d’Harstœcker, chap. ii, p. 132.