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les doctrines chimiques en france

rôle immense qu’ils jouent encore dans les préfaces, à ne représenter à l’esprit que des possibilités ou des espérances. Et comme l’empirisme seul semble soutenir une tradition dont la signification, autrefois mêlée de métaphysique, devient purement expérimentale, l’empirisme lui prescrit des limites, et plus tard la fera disparaître.


D. — Il ne faut donc point chercher la véritable théorie chimique de Lémery dans la résolution des mixtes en principes élémentaires ; cette théorie, on croirait au premier abord la trouver dans la description corpusculaire des différentes substances et dans l’explication mécanique des réactions que la chimie étudie ; mais nous n’en aurions là qu’une vue fragmentaire, incomplète ; tout d’abord parce que la doctrine atomistique, telle que l’enseignait notre auteur, a pu être critiquée, désapprouvée, systématiquement ignorée par des chimistes qui avaient acquis dans son œuvre le goût et la connaissance de leur science ; puis surtout, parce que cette doctrine est souvent une traduction naïve des faits constatés par l’expérience ; le mécanisme de Lémery est, avec la systématisation des faits, à peu près dans le même rapport que la physiologie fantaisiste du Traité des passions de Descartes avec ses solides observations psychologiques. Enfin, cette doctrine traite chaque expérience comme si elle était isolée et ne se préoccupe qu’accidentellement de ses relations avec les autres expériences ; l’ordre et la liaison des