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Page:Meulan - Essais de litterature et de morale.djvu/13

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l’objet, et celle qui ne peut plus s’adresser qu’à mes voisines ? On m’assure que toute politesse est absolument perdue ; mais, dans le mot de politesse, une femme sous-entend toujours un peu de galanterie ; ainsi je ne dirai pas ce que j’en pense.

L’esprit me touche de plus près : les plaisirs qu’il procure sont de tous les âges ; le mien surtout y devient fort sensible. L’esprit est donc ce que je cherche le plus, et malheureusement ce que je rencontre le moins. Jamais cependant il n’a obtenu tant de respects ; jamais on ne s’est plus honoré de la moindre de ses faveurs ; jamais son culte ne fut plus étendu et ses sacrificateurs plus nombreux. De mon tems, les auteurs étoient rares : il n’est point à présent de cotterie, je dirai presque point de famille, qui ne fournisse le sien. Si celui-ci ne s’est pas fait connoître par un opéra comique ou un vaudeville, on a du moins des romances de lui ; ses vers ont été lus dans un lycée, ou sa prose a paru dans un journal. On vous le montre ; on vous dit, c’est un auteur. Il n’a pas besoin d’être aimable ; on saura toujours bien que c’est un auteur.

Cet autre n’a point essayé ses talens pour la composition ; mais il se déclare amateur passionné : il arrive, il est déterminé à montrer de l’esprit ;