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cxxxiv
introduction

partie de poème raconte la deuxième des guerres de la chanson, mais en empruntant, au début, quelques traits au récit que la chanson fait de la première.

Girart rentre en grâce auprès du roi, grâce à l’entremise de la reine, comme dans la chanson, plus facilement toutefois, et sans que la reine ait besoin d’avoir recours à aucun subterfuge. Lorsque Charles voit son ancien ennemi, il lui fait fête, il l’honore « malgré les traïteurs et leur puant murmure » (p. 114). Contrairement au récit de la chanson, le comte rentre paisiblement en possession de son héritage. Sa femme et lui mènent une vie exemplaire. L’imitation de la vie latine (§ 31) se reconnaît dans le passage où Berte est comparée successivement à Marthe et à Marie (p. 120). C’est ici (pp. 119-33) que l’auteur a inséré plusieurs des exemples moraux tirés de Vincent de Beauvais dont il a été question plus haut.

Mais le diable (antiquus hostis, vie latine, § 33) ne pouvait voir sans envie la paix régner entre Charles et Girart. Il réussit à raviver les querelles passées. La cause de la guerre, déjà indiquée dans la vie latine (§ 39), énoncée avec plus de détails dans le roman (pp. 136 et suiv.) est une querelle au sujet de l’héritage des parents de Berte. Girart, vigoureusement attaqué par le roi, recule et se laisse enfermer dans son château de Roussillon, évitant de se battre contre son seigneur. Enfin, il se décide comme dans la vie latine (§§ 48-62), sur le conseil d’un sage vieillard, à envoyer par deux fois au roi un messager chargé de propositions pacifiques. Ces propositions sont repoussées avec violence et Girart se décide à se battre. Notons en passant que, par un souvenir de la chanson — bien que toute cette partie du roman soit