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vii. — le roman en alexandrins

lieu sous le règne de Charlemagne, ce qui ne laisse pas que de l’embarrasser puisqu’il place l’action de son poème sous Charles le Chauve. Il prend, du reste, aisément son parti de cette contradiction qui n’est pas la seule dont il ait eu à se tirer :

Je ne suis pas du temps ; si n’en sai le voir dire :
De deux opinions povés vous une eslire.

(P. 188.)

Je ne sais quelle est la chronique à laquelle il fait allusion. Chez Sigebert de Gembloux comme chez tous les chroniqueurs qui l’ont copié, l’événement en question est placé en 745 ou 746[1]. Dans la légende de Badilon, il est daté de 749. Mais Jacques de Varaggio, qui reproduit la même rédaction en l’abrégeant, place le fait sous le règne de Charlemagne, tout en gardant la date de 749[2]. La même date aura sans doute été adoptée par la chronique qu’a suivie le romancier. Notre auteur ne peut taire non plus que les Provençaux, de leur côté, prétendaient bien avoir conservé le corps de la Madeleine, mais il préfère s’en tenir à l’autre opinion, se fondant sur les nombreux miracles opérés à Vezelai au tombeau de la sainte. Il n’a pas songé à une

  1. Cf. ci-dessus, p. cxi, n. 3.
  2. « Temporibus autem Caroli magni, scilicet anno Domini 749, Girardus, dux Burgundie cum de uxore sua filium habere non posset... » Voilà ce que portent les anciennes éditions (je cite d’après une édition de Venise, 1512, fol. 121, col. i). Il y a dans une ancienne version française (Bibl. nat. fr. 818, fol. 245) : « El tens de Charlon le grant, anno Domini .vij.c. et .xlix. » Græsse, dans son édition (Jacobi a Voragine Legenda aurea, Dresdæ et Lipsiæ, 1846, p. 413), a mis tranquillement « dcclxix » pour supprimer l’anachronisme.