vue de la légende, ont été unanimes pour identifier le comte Girart, gouverneur du royaume de Provence, avec le comte Girart qui, vers 863, fonda les monastères de Vezelai et de Pothières en Bourgogne. L’accord d’auteurs qui se copient ne saurait tenir lieu de preuves. Examinant, il y a quelques années[1], les arguments produits, je crus reconnaître qu’ils se réduisaient à une simple hypothèse fondée sur ces trois faits : les deux comtes s’appellent Girart ; tous deux ont vécu sous Charles le Chauve ; tous deux ont une femme appelée Berte. Je dus faire remarquer que ces coïncidences suffisaient à peine pour « instituer une présomption en faveur de l’identité[2]. » Mais, depuis, M. Longnon[3] a cité un texte qui m’avait échappé[4], et qui est comme un trait d’union entre Girart gouverneur de Provence et Girart fondateur de Pothières et de Vezelai : ce texte est l’analyse d’une lettre de Hincmar, conservée dans l’Histoire de l’église de Reims de Flodoard (l. III, ch. xxvi). On voit par ce document que le Girart de Provence avait mis sous la garde de l’apôtre saint Pierre certains monastères qui ne sont pas désignés nominativement, et dont il soupçonnait Charles le Chauve de vouloir s’emparer. Au cas où ces craintes viendraient à se réaliser, Gi-
- ↑ Romania, VII, 176-7.
- ↑ Je n’ai donc pas été jusqu’à nier l’identité des deux personnages comme M. Longnon (Revue historique, VIII, 242) le donne à entendre ; j’ai seulement dit qu’elle n’était point établie.
- ↑ Dans l’article précité, p. 267.
- ↑ Ce texte n’aurait pas dû m’échapper. En effet, M. Longnon n’est pas le premier qui l’ait cité, comme on pourrait le croire à lire l’article de la Revue historique. Il avait été cité et analysé dès 1856 par M. de Terrebasse dans la préface (p. xxi) de sa réimpression du Gerard de Roussillon en prose.