garantie et un bon gage pour qu’on ne me le reproche point comme honteux et avilissant ; [je veux] que le roi m’octroie, à moi et à mon lignage, mon fief en alleu, sans hommage. » Ces mots sont rapportés à Charles par les messagers, « Il me demande », dit-il, « un grand sacrifice, et pourtant je le ferai, par ce gage[1] »
32. Girart vit la damoiselle au corps délicat, à l’air modeste ; il dit que le roi le croyait trop sot, et soupira de cœur pensif. L’archevêque de Reims écrivit le bref[2], et entraîna Charles et le pape sous un tilleul : « Seigneurs (dit-il), Girart se repent, je vous assure ; mais hâtez votre accord avant qu’il ne vaille plus rien.
33. — « Sire, » dit le pape, « hâtez cet accord avant que le comte en ait tout à fait regret, et gardez-vous d’orgueil et d’excès et faites au duc[3] toutes ses volontés. — Tout comme il vous plaira », dit Charles. Le roi, accompagné de ses barons, les plus sages et les plus lettrés, va trouver le duc ; on fit entendre à Girart de sages paroles ; tout d’abord, il fut juré que cet accord ne lui serait ni honte ni avilissement, que jamais le roi, si irrité qu’il pût être, ne le lui reprocherait. Il fut relevé de son hommage et reçut son fief en alleu. Mais Charles est malveillant et rusé : « Le bois de Roussillon, les herbages et les prairies, les miens ont coutume d’y chasser en rivière[4]. Je veux que vous me le laissiez. — J’y consens, » répondit Girart. C’est par là que dans la suite le comte fut pris. Le pape, qui est plein de sagesse, prend la parole : « Comte, aujourd’hui la cour et le
- ↑ Il faut supposer qu’en disant ces mots, le roi présente en effet un gage matériel, qui doit rester comme le témoignage de son engagement.
- ↑ Sens douteux. Le passage est corrompu : j’entends que l’archevêque rédigea l’acte de l’accord dont il va être question.
- ↑ Girart est appelé tantôt duc, tantôt comte ; mais cette dernière qualification est la plus fréquente.
- ↑ C’est la chasse à l’oiseau.