Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le ministre,que l’empereur Léopold avait envoyé à la diète contribua à les ramener ; ils promirent à Auguste une armée de 50,000 Polonais, et donnèrent six semaines aux révoltés pour venir demander pardon à leur roi ; mais ces révoltés formaient aussi à Varsovie une diète ou confédération redoutable que Charles XII, guéri de sa chute, se préparait à appuyer. Il marcha tout à coup contre les restes de l’armée saxonne qui s’étaient rassemblés à Pultusck, et le maréchal de Stenau, battu de nouveau, eut peine à se sauver avec deux régiments. Thorn, Elbing, Marienbourg tombèrent au pouvoir du vainqueur ; le 19 avril 1704, la diète de Varsovie déclara Auguste, électeur de Saxe, inhabile à porter la couronne de Pologne ; un interrègne fut publié ; on fixa le 12 juin suivant pour l’élection d’un nouveau roi ; la voix publique et la volonté de Charles appelaient au trône Jacques Sobieski ; mais le roi détrôné sut encore écarter ce rival. Sobieski chassait aux environs de Breslau avec son frère Constantin ; trente cavaliers saxons, envoyés par Auguste, les saisissent à l’improviste et les emmènent prisonniers à Leipzig : leur frère Alexandre refusa une couronne que sa générosité lui défendait d’accepter aux dépens de son aîné. Charles se vit un moment embarrassé pour trouver un roi : Stanislas Leczinski, palatin de Posnanie, reçut enfin dans Varsovie, le 12 juillet 1704, un honneur qu’il désirait peu, et que, malgré son courage, il défendit ensuite faiblement, parce qu’il n’avait point d’ambition. Auguste, accoutumé à enlever ses rivaux, et qui lui-même s’était vu sur le point d’’être enlevé près de Cracovie, par le général suédois Reinschild, qui, l’ayant surpris à table, l’ayait forcé de s’enfuir jusqu’à Sandomir, résolut de marcher brusquement sur Varsovie, où Stanislas était resté avec sa famille, une garde polonaise peu sûre, et 1500 Suédois, commandés par le comte de Horn. L’électeur de Saxe touchait aux murs de la ville, avec 20,000 hommes, avant qu’on se doutât de son approche : Stanislas s’enfuit précipitamment ; le comte de Horn et ses Suédois furent faits prisonniers ; Auguste rançonna durement une capitale infidèle ; le nonce du pape, qui l’avait accompagné, menaça de l’excommunication tous les prélats qui l’abandonneraient ; mais la surprise d’une ville et la colère de la cour de Rome étaient de faibles secours contre Charles XII, que Stanislas avait rejoint, et qui ne tarda pas à chercher Auguste, soigneux de l’éviter. En vain le monarque détrôné s’efforça de tromper son ennemi par des marches rapides et multipliées ; en vain le comte de Schulenbourg, à qui il avait confié l’infanterie saxonne. passa l’Oder sous les yeux de Charles, et exécuta une retraite glorieuse ; en vain Auguste eut à Grodno une nouvelle entrevue avec le czar Pierre, qui fit entrer en Pologne un corps considérable de Moscovites : la fortune de Charles triompha de tant d’efforts ; le général suédois Reinschild remporta, près de Frauenstadt, le 13 février 1706, une victoire complète sur le comte de Schulenbourg. Auguste commença à trembler pour ses états héréditaires ; la fidélité des Saxons méritait qu’il portât désormais sur eux toute sa sollicitude ; il fit fortifier Dresde, garnit de troupes la Lusace et toutes ses frontières ; mais un pays épuisé ne pouvait opposer qu’une faible résistance à une armée victorieuse : Charles pénétra en Saxe, et ces mêmes Saxons qui, depuis dix ans, combattaient sans murmure pour conquérir à leur prince