Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 9.djvu/54

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4^ CLÉ ie raerite connu des auteurs ne lui faisant trahir sa pensée sur leiHs nouvelles productions. « La liberté’ a ses » bornes, disait-il, je les connais parfaitement, je consens à la perdre » si je les passe ; mais, doublement » rc’publicain , ne’ à Genève et dans » les lettres, je ne veux point tenir » ma pensée dans une prison perpe’tuelle. ^{Lettre LXA’I r,toTa.lU.) Ses lettres sont écrites avec chaleur et rapidité, ses jugements sont courts, mais justes, précis et lumineux. On les a réimprimées en 4 vol., sous ce titre : les Cinq années littéraires, la Haye, i754,iii-i2 ; Berlin, 1755, Jn-8’. Clément n’avait que vingt-deux ans lorsque, frappé de la tragédie de Mérope du marquis Maffei, il résolut d’accommoder ce sujet au théâtre. Le marquis Maffei étant venu à Paris en 1733, il lui demanda son avis. Maffti parut souhaiter qu’il se -^ bornât à une simple traduction en vers, il lui apprit même le dessein du célèbre auteur de la Henriade ; mais Clément ne suivit pas le conseil du marquis. Lorsqu’il eut achevé sa pièce , en cinq actes et en vers , il la lut aux comédiens, qui exigèrent des changements. Ce travail fut long. Voltaire présenta la sienne , qui eut le succès le plus décidé , et lorsque Clément reporta sa tragédie avec les chingements, les comédiens n’en voulurent point, à cause de sa ressemblance avec celle qu’ils avaient déjà, dément lit imprimer sa pièce ( Paris, 17491 iu-i2 ),et dans le compte qu’il en rendit , mit la tragédie de son rival bien au-dessus de la sienne , qu’il critiqua aussi impitoyablement que si un autre l’eût faite. Cependant , il y a lieu de croire que si la Mérvpe de Voltaire n’eût point paru , celle de Clément aurait eu du succès. Outre cette Kagcdie et le Marchand de Londres, CLÉ tragédie-bourgeoise en cinq actes cf en prose, Paris, 1748, I75i,in-i2, traduit de l’anglais , de Lillo , il a imité de l’anglais une comédie qu’il intitula la Double métamorphose, et dont le titre original est The devil ta pay ( C’est le Diable ). Cette pièce , traduite en français par Patu , est le modèle du Diable à quatre de Sédaine. Clément vivait heureux, lorsqu’à la fleur de son âge, son esprit se dérangea. Il passa douze années’ entières sans sortir de son lit , se croyant malade , et n’ayant réellement d’autre maladie qu’une imagination vivement affectée. Par une bizarrerie singulière, après un terme aussi long , une tragédie qui attirait beaucoup de monde au théâtre et dont il entendit parler, le fit sortir de sa léthargie. Il se fait ti’ansporter dès le lendemain à l’amphithéâtre de la comédie , écoute la pièce, en fait la critique la plus juste, et , malgré le succès prodigieux de ce drame, il prédit que la pièce ne serait plus jouée si l’actrice qui la faisait valoir abandonnait le théâtre , et l’événement a justifié cette prédiction. Clément se soutint pendant quelques jours dans cet état de santé apparente ; il travaillait à augmenter ses Nouvel’ les littéraires d’un 5". volume ; tuais son esprit se dérangea encore ; il pria son frère de le faire transporter à Charenton. Il y faisait des vei’s, et, dans le petit recueil qui en fut publié sous le titre d’ OEuvres posthumes de l’auteur des cinq Années littéraires , il s’en trouve qui ne se ressentent point des lieux où était le poète. 11 désira de revenir encore chez son frère, qui, se prêtant toujours à ses désirs , alla le chercher lui - même ; mais , peu de temps après , il tomba dans l’état le plus déplorable, et mourut le 7 janvier 1 767 , âgé de soixantt ans. Z.