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ADA

Sigisbert. Parmi plusieurs autres ouvrages, Adam fit alors le groupe de Neptune et Amphitrite pour le bassin dit de Neptune, à Versailles. Il y employa cinq années, et obtint, outre le prix de son travail, une pension de 500 livres. La figure de St. Jérôme, qu’il fit pour les Invalides, et que l’on voit maintenant à St-Roch, fut regardée comme un de ses meilleurs ouvrages. Elle suffirait pour donner une idée précise de sa manière et de ses talents. On y reconnait que cet artiste travaillait bien le marbre, et qu’il ne manquait ni d’une certaine correction dans le nu, ni de quelque élégance dans les draperies ; mais le mauvais goût qui régnait de son temps l’entraina dans une fausse route. Au lieu de s’en tenir à la majestueuse simplicité de l’antique, et de ne demander à son art que ce qu’il en pouvait obtenir, Adam, à l’exemple du Bernin et de quelques autres sculpteurs, semble avoir voulu rivaliser avec la peinture, en cherchant à produire des effets auxquels celle-ci peut seule atteindre. En un mot, ce maître, qui attachait une grande importance au travail de son ciseau, ne sera jamais placé que dans la seconde ou même la troisième classe des sculpteurs, et ses ouvrages ne rappelleront qu’une époque de décadence. Ses autres ouvrages sont : le groupe de cinq figures et de cinq animaux en plomb bronzé, à Versailles ; le bas-relief de la chapelle de Ste-Élisabeth, en bronze ; deux groupes en bronze, représentant la Chasse et la pêche, à Berlin ; Mars caressé par l’Amour, à Bellevue ; une statue représentant l’Enthousiasme de la Poésie. Adam publia à Nancy, en 1754, un Recueil de Sculptures antiques grecques et romaines, dont il avait fait les dessins. C’étaient les gravures de morceaux de sculpture qu’il avait achetés pour la plupart des héritiers du cardinal de Polignac. Il mourut d’une attaque d’apoplexie, le 13 mai 1759. D-t.


ADAM (Nicolas-Sébastien), sculpteur, frère du précèdent, né à Nancy, le 22 mars 1705, étudia sous son père et à Paris, jusqu’à l’âge de dix-huit ans. À cette époque, il travailla pendant dix-huit mois à un château près de Montpellier, puis il partit pour Rome en 1726. Il obtint, en 1728, au Capitole, l’un des prix de l’académie de St-Luc. Son frère aîné et un troisième frère, François-Gaspard Adam, étaient alors dans la même ville. Ils travaillèrent de concert, et, après neuf ans de séjour, Nicolas-Sébastien Adam revint à Paris. Après quelques contrariétés il fut reçu à l’Académie. Il devait donner pour son morceau de réception, Prométhée dévoré par le vautour ; mais il ne termina cet ouvrage que dans la suite. L’année suivante, il exécuta, pour la chapelle du roi, à Versailles, un bas-relief en bronze, représentant le Martyre de Ste. Victoire sous l’empereur Décius. Il seconda quelque temps son frère dans les travaux du bassin de Neptune ; mais il est assez rare que deux frères, lorsqu’ils exercent le même art, vivent en bonne intelligence. Il abandonna l’ouvrage avant qu’il fût termine, et travailla pour l’hôtel Soubise, la chambre des comptes et l’abbaye de St-Denis. Il concourut pour le Mausolée du cardinal de Fleury, avec Bouchardon et Lemoyne, et le public lui accorda le prix ; mais Lemoyne fut chargé de l’exécution de ce monument. Le Tombeau de la reine de Pologne, épouse de Stanislas, fut le plus important de ses ouvrages : il l’exécuta dans l’église de Bon-Secours, près de Nancy. Le Prométhée parut enfin au salon de 1763, et le roi de Prusse en fit offrir à l’artiste 50,000 fr. ; mais Adam eut la délicatesse de répondre que ce morceau, fait pour le roi son maître, ne lui appartenait pas. Nicolas-Sébastien Adam mourut le 27 mars 1778. Ce qu’on a dit de la manière de son frère peut aussi lui être applique. Le travail du marbre et la recherche d’idées ingénieuses fixaient surtout son attention. Il demandait tous les jours à Dieu, dans sa prière, de n’être ni le premier ni le dernier dans son art, mais de se tenir dans un milieu honorable, pour éviter d’exciter la jalousie ou de tomber dans le mépris. Sa prière fut à peu près exaucée. D-t.


ADAM (François-Gaspard), frère des précédents, naquit à Nancy, en 1710, et fut comme eux élève de leur père, Le produit des quelques ouvrages qu’il fit dans le Barrois le mit en état d’aller, en 1728, rejoindre ses frères à Rome. Son frère aîné lui apprit à travailler le marbre. François-Gaspard Adam, revenu à Paris, gagna le 1er prix de l’Académie, et retourna, en 1742, à Rome, où il acheva ses études. Arrive de nouveau à Paris, il agit de concert avec son frère aîné pour aller à Berlin à la place de Nicolas-Sébastien, qui avait été mandé par le roi de Prusse. Ce dernier ne crut pas devoir réclamer contre cette supercherie ; et, après avoir travaillé plusieurs années à Berlin, François-Gaspard Adam revint à Paris, où il mourut en 1759. D-t.


ADAM (Nicolas), né à Paris, en 1716, fut élève de Louis le Beau, et, à son tour, professa pendant plusieurs années avec distinction l’éloquence au collège de Lisieux. Le duc de Choiseul, qui avait beaucoup d’amitié pour lui, l’envoya à Venise, comme chargé d’affaires auprès de la république. Adam y resta douze ans. Il revint en France, où il donna quelques livres élémentaires, et mourut à Paris en 1792. On a de lui : 1o la Vraie Manière d’apprendre une langue quelconque, vivante ou morte, par le moyen de la langue française, 1787, 5 vol. in-8o, plusieurs fois imprimés ; ils contiennent. : 1o Grammaire française ; 2o Grammaire latine ; 3o Grammaire italienne ; 4o Grammaire anglaise ; 5o Grammaire allemande. 2" Les Quatre Chapitres, de la Raison, de l’Amour de roi, de l’Amour du prochain, de la Vertu, 1780, in-8o ; ouvrage que l’auteur, dit Desessarts, avait présenté sous quatre faces, en bon et en mauvais latin, en bon et en mauvais français, 3" Traduction littérale der Œuvres d’Horace, 1787, 2 vol. in-8o. 4o Traduction littérale des Œuvres de Phèdre. 5o Traduction italienne de Phèdre. 6o Traduction littérale de Rasselas, roman de Johnson. 7o Traduction littérale de Caton, tragédie d’Addison. 8o Traduction littérale de l’Essai sur l’homme, de Pope. 9o Traduction littérale de la première Nuit d’Young. 10o Essai sur l’Éducation de la jeunesse, Londres et Paris, 1787, in-8o. Adam savait presque toutes les langues de l’Europe, et possédait