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que la couronne de Naples avait été donné à Charles, duc d’Anjou, frère de St. Louis, quoique ce ne fut réellement qu’après la mort de Conrad que Clément IV conclut un traité avec Charles. Quoi qu’il en soit, Aicarts peint les horreurs de la guerre, et ne se prononce en faveur d’aucun des prétendants. « l’aigle, dit-il, a un droit si égal à celui de la « fleur, que les lois n’y font rien, et que les décrétales « n’y sont point contraires. C’est pourquoi ils « iront vider leur querelle dans les plaines, et qui « saura mieux se défendre l’emportera. » P-x.


AICHAH. seconde femme de Mahomet, était fille d’Abou-Bekr. Mahomet, voulant s’attacher de plus en plus ce musulman, que son crédit et sa bravoure lui rendaient précieux, épousa sa fille Aïchah, lorsqu’elle était encore enfant. La cérémonie du mariage fut différée jusque vers la fin de la première année de l’hégire, à cause de son extrême jeunesse : elle n’avait alors que neuf ans. Aïchah fut tendrement chérie de Mahomet, qui s’en faisait accompagner dans ses expéditions. Au retour de la guerre contre les Moltaséky, elle était restée en arrière de l’armée, pour chercher son collier qu’elle avait perdu ; quelques musulmans rencontrèrent son chameau, et le menèrent au camp, croyant qu’Aïchah était dans la litière qu’il portait ; lorsque l’épouse du prophète vint pour retrouver sa monture, et qu’elle ne la vit plus, elle s’abandonna air désespoir ; ses cris attirèrent Sawan, jeune Arabe, qui la fit monter sur son chameau, et la ramena au camp. Une femme jeune et belle, ainsi livrée à un jeune guerrier, au milieu d’un vaste désert, devait exciter les soupçons des Arabes ; on accusa donc la fidélité d’Aïchah, et elle fut obligée de se défendre devant Mahomet, Abou-Bekr et Omm-Rauman, qui reconnurent son innocence. Lorsque Mahomet sentit approcher sa mort, il se retira dans la maison d’Aïchah ; et, vers la fin de sa maladie, il ne voulut pas admettre d’autre témoin de ses souffrances. Sûr de l’affection de son épouse, il ne craignait pas de laisser échapper devant elle quelque marque de faiblesse ; et, comme c’est d’elle seule que les musulmans tiennent le récit des dernières circonstances de la vie de leur prophète, il parait qu’elle était initiée dans les mystères de la nouvelle religion. À la mort de son époux, Aïchah ne contribua pas peu à éloigner du califat Ali, à qui elle ne pardonnait pas d’avoir conseillé à Mahomet d’interroger sa suivante, lorsqu’on avait élevé des soupçons sur sa fidélité conjugale. Le rôle que joua Aïchah sous le règne d’Abou-Bekr et d’Omar est presque nul sous le rapport politique, elle jouit paisiblement à Médine de la vénération que lui donnait le titre sacré d’épouse du prophète ; et nous ne voyons pas qu’après la mort d’Abou-Bekr : elle ait fait aucune entreprise contre Omar, dont la fermeté sut contenir l’esprit séditieux qu’elle ’manifesta sous le règne d’Othman et sous celui d’Ali. Othman n’avait ni les qualités d’Abou-Bekr, ni le courage d’Omar, et Ali trouva dans sa faiblesse l’occasion favorable à des intrigues, dont le but ne fut pas bien démontre. Elle ne parut d’abord pas se rapprocher d’Ali, e accusant Otman d’aimer trop tendrement ses parents ; de dépouiller, en leur faveur, les plus braves capitaines de leurs emplois ; enfin, de les enrichir aux dépens du trésor public, objet sacré pour les princes musulmans. Cette accusation eut des suites funestes qu’Aïchah n’avait pas été assez habile pour prévoir. Othman succomba, et Ali parvint au califat. Aïchah se retira à la Mecque, dont elle fit le centre de la faction contre Ali ; elle y rassembla tous les ennemis du calife ; et ce fut de cette ville sacrée qu’elle partit à la tête d’une armée nombreuse, dont Thalhah et Zobeïr avaient le commandement. Bassorah tomba d’abord en son pouvoir, et ce succès l’enhardit à présenter le combat à Ali. L’issue n’en fut pas heureuse. Thalhah et Zobeïr furent tués, et Aichah, qui, montée sur un chameau, excitait ses troupes au carnage, tomba au pouvoir du vainqueur. Ali la respecta, lui donna quarante femmes pour la servir, et la fit reconduire à la Mecque, où elle mourut, l’an 58 de l’hégire (677-8 de J.-C.), méritant le reproche d’avoir sacrifié des milliers de musulmans à son ressentiment contre Ali, et au désir d’obtenir dans le gouvernement l’influence qu’elle exerçait dans la religion ; mais sa mémoire n’en est pas moins chère aux sectateurs du Coran, qui l’ont décorée du titre de prophétesse, et l’ont mise au rang des quatre femmes incomparables qui ont paru sur la terre. J-n.


AICHER (P.-Othon), bénédictin, rhéteur distingué, fut professeur de grammaire, de poésie, de rhétorique et d’histoire à Salzbourg, où il mourut en 1705. Il a commenté Tacite, les Philippiques de Cicéron, la 1re Décade de Tite-Live, etc. ; il a écrit plusieurs traités sur la législation, l’histoire et les mœurs des premiers temps de la république romaine, ainsi qu’un grand nombre de dissertations. Les titres de ses principaux ouvrages, imprimés à Salzbourg, sont : 1° Theatrum funebre, exrhibens epitaphia nova, antiqua, seria, jocosa, 4 vol. in-4o, 1675 ; 2° Hortus variarum insriptionum veterum et novarum, 1676, in-8o ; 3° de Comitiis veterum Romanorum, 1678, in-8o ; 4° Iter oratorium, 1675 ; 5° Iter poeticum, 1674 ; 6° de Principis Cosmografiæ ; 1678 ; 7° Ephemeridea ad anno 1678 usque ad 1699. G-t.


AIDAN, évêque anglais, né au 7e siècle, dans une des îles Hébrides, à l’ouest de l’Écosse, fut d’abord moine dans un couvent d’Yona, l’une de ce îles. En 634, il fut invité par Oswald, roi de Northumberland, à venir dans son royaume pour y instruire les habitants dans la connaissance et la pratique de la religion chrétienne ; Aidan remplit cette mission avec autant de zèle que de succès. Le vénérable Bède nous a laissé le portrait de cet évêque, qu’il présente comme un modèle de toutes les perfections morales et chrétiennes. Il nous a transmis aussi l’anecdote suivante, qui mérite d’être conservée parce qu’elle caractérise l’esprit et les mœurs du temps. Le roi Oswin, en reconnaissance des services apostolique de l’évêque Aidan, lui avait fait présent d’un un cheval richement harnaché. Aidan, voyageant un jour, monté sur ce même cheval,