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posthume, faisant suite aux cinq volumes des Mélanges ; mais il ne s’y trouve rien que ne donne celle de 1821 V. R-d.


ALENÇON (seigneurs d’). Le territoire d’Alençon eut pour seigneurs : 1o des comtes : 2o des ducs. ─ Ives de Belléme, ou Ives de Creil, fut le premier seigneur d’Alençon qui eut un titre connu dans l’histoire. Comte de Bellème, il le devint d’Alençon vers 940 ou 942. Il était frère de Sigefroy, évêque du Mans. La Perche et le territoire d’Alençon, qui embrassait alors le territoire de l’évêché de Seez, furent ainsi réunis dans la même main au milieu du 10e siècle. La maison de Bellème donna cinq comtes à Alençon : ce furent Ives, Guillaume Ier, Robert Ier, Guillaume II, et Arnoul ou Arnoulphe. Ives était grand maitre des arbalétriers de France. En sa qualité de Normand, le comte d’Alençon se concerta avec Osmond, gouverneur du jeune duc Richard, pour le tirer des mains de Louis d’Outre-Mer. Il paraît que ce fut pour prix d’un tel service, que le duc de Normandie, Richard Ier, rendu à la liberté, fit don au comte Ives et du territoire d’Alençon et de celui de Domfront. ─ Guillaume Talvas Ier, fils aîné d’Ives de Bellème, eut en sa puissance les États de son père, vers 998. Ce surnom de Talvas ou Talevas vient d’une sorte de bouclier qu’il portait, et non pas de sa dureté comme l’a prétendu Orderic Vital, qui ne lui pardonnait pas sa fermeté contre les ecclésiastiques. Ce fut ce Guillaume qui fit bâtir à Alençon et à Domfront, deux châteaux dont il est souvent question dans les guerres sanglantes et interminables du moyen âge. L’intérêt que Talvas portait à Avesgaud, son frère, qui était évêque du Mans, le détermina à faire souvent la guerre au comte du Mans, Herbert Éveille-Chien. Cette guerre fut mêlée de succès et de revers, et n’aboutit qu’à faire verser inutilement du sang. Il n’en fut pas de même de celle que Guillaume eut à soutenir contre le duc de Normandie, Robert Ier, qui l’ assiégea dans Alençon et le força, en 1028, de se soumettre aux plus humiliantes conditions. Il fut inhumé à Domfront, à peu de distance de l’abbaye de Loulay qu’il avait fondé, mais qui n’était pas encore prête à le recevoir. ─ Robert Ier, second fils du précédent, lui succéda, parce que Foulques, l’aîné des fils de Guillaume, avait été tué, en 1028, au combat de Biavou. Moins heureux que son père dans ses guerres avec le comte du Mans, Robert fut battu et fait prisonnier, pour avoir aussi pris la défense de l’évêque Avengaud, qui était toujours aux prise avec les seigneurs de son diocèse. Il fut massacré dans prison vers 1033. ─ Guillaume II. Secondé puissamment par les seigneurs de son comté, il reprit aux Manseaux les places que son père avait perdues, et, grâce à sa modération, il conserva longtemps en bon état ses diverses possessions. Toutefois il fit la guerre à Geoffreoy, seigneur de Mayenne. Un acte de cruauté, dont il se rendit coupable à l’égard d’un de ses vassaux les plus puissants, attira longtemps sur ses terres le ravage et l’incendie. Geoffroy Martel, comte d’Anjou, et qui s’était rendu maître du comté du Mans, attaqua Guillaume et s’empara d’Alençon ainsi que de Domfront. forcé de fuir, le comte d’Alençon se retira avec sa fille Mabile chez Roger II de Montgommery, l’un des plus grand seigneurs normand de cette époque, et qui vivait dans l’intimité de ce Guillaume le Conquérant qui n’était encore désigné que par le sobriquet de Bâtard. Roger épousa Mabile, et cette union fit peu après passer la seigneurie d’Alençon de la maison de Bellème dans celle de Montgommery. ─ Arnoul. Il ne fut comte d’Alençon que pendant un petit nombre d’années. Il était fils de Guillaume II, et fut assassiné par son frère naturel. La maison de Montgommery donna sept seigneurs à Alençon : Roger, Robert II, Guillaume III, Jean Ier, Jean II, Guillaume IV et Robert IIII. ─ Roger de Montgommery, Geoffroy Martel, ayant fait alliance avec Henri Ier, roi de France, continua la guerre contre les comtes d’Alençon. De son côté, Henri pénétra jusqu’à Montgommery qu’il prit et pilla, mais Guillaume le Bâtard ayant atteint ses ennemis au passage de la Dive à Varavillo, vers 1040, les battit. Bientôt Français et Angevins furent chassés de la Normandie ; Alençon et Domfront repris, et Roger remis en possession de ses États en 1048. Roger seconda puissamment le duc de Normandie dans la conquête d’Angleterre, et eut une part considérable dans la dépouille des vaincus. Il commandait l’avant-garde normande à cette bataille d’Hastings, en 1066, qui décida du sort des Anglais. Ses acquisitions nouvelles furent les comtés de Montgommery et de Pembrok. C’est de lui que descendit la branche anglaises des Montgomery. Il seconda toujours puissamment le Conquérant pendant les guerres qu’il eut a soutenir dans ses nouveaux États et sur le continent. Resté en Angleterre, il fit passer ses possessions normandes à Robert, l’aîné de ses dix enfants. — Robert II. Plus connu dans l’histoire sous le nom de Robert de Bellème, que sous celui de Robert de Montgomery ; parce que Belléme était alors la place la plus importante de ses États, ce seigneur était instruit, habile et entrprenant. Il eut le tort fort grave de prendre parti pour robert Courteheuse contre Guillaume le Conquérant, son père : la perte momentanée de son comté s’ensuivit, et il n’y rentra qu’en 1087, à la mort de ce monarque. Favori du duc Robert, il participa à sa bonne comme à sa mauvaise fortune, jusqu’en 1090, époque de sa réconciliation avec Guillaume le Roux. Le duc Robert, s’étant brouillé avec le comte d’Alençon, le fit mettre en prison au château de Falaise, ou il resta jusqu’à ce que Roger de Montgommery, son père, parvint a le réconcilier avec son seigneur suzerain. Les historiens du temps peignent le comte d’Alencon comme un prince cruel, qui fut toujours en guerre avec ses vassaux, ses voisins et les ecclésiastiques, qui lui résistèrent plus longtemps que Philippe 1er, roi de France, dont il défit l’armée dans le Vexin en 1090. Il seconda vaillamment Guillaume le Roux dans la conquête du Maine, dont il reçut la garde. À la mort de ce monarque, en 1100, Robert de Montgommery, qui n’aimait pas Henri, son successeur, parce qu’il lui avait enlevé Domfront, s’unit au duc Robert pendant quelques temps, et finit par se soumettre, après avoir perdu une grande partie de ses forteresses en Angleterre. Pendant les débats