Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 14.djvu/9

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4 FER de plus entraînant que les tragédies grecques. Il offre la réunion du caractère chevaleresque du 16e siècle et de la gravité des temps héroïques. On ne peut se dissimuler qu’il renferme de graves imperfections. On regrette que le poëte n’ait pas cherché à peindre les situations pathétiques que lui offrait l’amour des deux héros de la pièce. L’efIet dramatique en eût été assurément plus complet. On regrette aussi que Ferreira ait fait emploi des chœurs, parce qu’ils refroidissent l’action ; mais il y règne tant de dignité, qu’on est presque tenté de les lui pardonner. Le début de cette tragédie mérite d’être cité. — « Ines. Cueillez des fleurs, mes charmantes compagnes ;. tressez les lis et les roses, pour en orner vos blondes chevelures ; que leurs parfums suaves embaument l’air ! que de doux concerts se fassent entendre ! vos voix enchanteresses doivent se mêler aux sons de la lyre pour célébrer le jour heureux où je retrouve ma gloire. »-La Noname :. Quelles nouvelles fêtes, quels nouveaux chants demandez-vous ? »- « lnàs. Toi qui m’as élevée, toi dont le cœur a toujours été celui d’une mère, aide-moi à jouir de mon bonheur. » -· « La Nomuucs. Je vois, hélas, deux choses bien différentes ! vous parlez de fêtes, et des larmes brillent dans vos yeux ; qui peut donc ainsi vous faire éprouver en même temps la tristesse et la joie ? ».... « Inès. Celle que tu vois heureuse peut-elle encore se } plaindre P » — « Lx Nomuuca. Quelquefois le 4 destin mele les regrets aux plaisirs. » ··· « lues. n Mon ame ne connait que les ris et la plus douce n satisfaction. » — « Ls Nomuucn. Les larmes in- n diquent cependant la douleur. » - « lues. Ce sont aussi les preuves d’un destin plus heureux. — « La Nouiuucs. Elles sont naturelles à l’infortune. » - « lues. Elles sont douces au plaisir. »... « Lx Nouanies. Quels plaisirs indiquent donc vos regards ? » —« Ines. Je me vois assurée d’un bien que je craignais de perdre. » « M1 !. Sané et Sismondi ont publié plusieurs morceaux d’Inè.¢ de Castro.· le premier à la suite de sa grammaire portugaise ; le second dans son ouvrage sur la littérature du Midi, où il a consacré quelques pages à Ferreira. Les œuvres de Ferreira ne sont pas volumineuses. Il exerçait une place de juge qui lui laissait peu de loisirs, et g il mourut en 1569, presque à la fleur de l’âge et p dans toute la force du talent. On a de lui Poëma : Luritanor, Lisbonne, 1598, et des Comédie : imprimées en 1622, avec celles de Sa de Miranda ; il y en a quelques éditions plus récentes, une entre autres de 1771. Diego Bernardes, qui lui était attaché par la plus tendre amitié, a déploré sa mort prématurée dans une fort belle épître adressée à Camiuha, qui, comme lui, avait aimé Ferreira. « Ferreira, s’écrie Bernardes, adorateur heureux de la muse portugaise, tu fus a pour ton pays ce que Virgile fut pour Rome, Homère pour la Grèce ! »

FER Ah hom cnltor de muse Portuguese ¥ual foy Virgüio à Roma, à Grecia Homero, al foste tu a tua natureza I A ces vers, dictés par Penthousiasme de la poésie et de l’amitié, nous joindrons l’opinion plus grave et plus raisonnée de Dias Gomes : « La lecture d’Horace, dit Gomes, le désir d’imiter Miranda et la sévérité naturelle de son génie lui firent rechercher la concision dans le style ; mais il la pousse si loin, que presque toujours il sacrifie l’harmonie à la pensée. Il a uniquement consacré son talent à la poésie utile, et, de tous nos poëtes, il est le seul où l’on ne trouve point de bagatelle : : onore :... Dans tous ses ouvrages brillent la raison et la profondeur de la pensée : c’est là son caractère distinctif. Ses peintures sont graves, mais un peu petites ; son expression, plus forte que douce, est trèsë animée et pleine de cette chaleur qui élève, qui nourrit l’esprit et remue le cœur. Il est le premier de nos poëtes qui ait uni la poésie d’image à celle de sentiment, qui ait connu la force et la vérité de l’utile duloi du lyrique latin, et jeté les fondements de la poésie tragique : bel exemple dont ses successeurs n’ont guère proflté. B—ss et C—S-A.

FERREIRA (Cumsrormz), missionnaire portugais, naquit à Torres-Vedras en 1580. Il entra dans la compagnie de Jésus à l’âge de seize ans ; distingué par ses talents et par ses vertus, il passa au Japon en 1609, et y demetu-a jusqu’à l’an 1655. Malgré les persécutions qu’il eut à souffrir, son zèle ne se ralentit pas et répandait partout les lumières de l’Évangile. Cependant, ayant été arrêté et sommé d’opter entre la mort et l’abandon de sa foi, après quatre heures des tortures les plus cruelles, la douleur l’emporta ; mais bientôt après ayant déploré amèrement sa faiblesse, il se livra volontairement au martyre, qu’il souffrit à Nangasaki, vers l’an 1652, étant alors âgé de 72 ans. On a de lui : Anime litterœ e Japonia, anni 1627. — Fnzanams (Gaspard), autre jésuite portugais, né à Castro-Journo, prit l’bbit de l’ordre ep 1588, à l’âge de dix-sept ans, et fut envoyé aux Indes en 1595, où il enseigna dans son couvent les lettres humaines et sacrées. Ayant passé à la Chine avec le P. Ricci, il prêcha la religion à Pékin, pendant l’espace de quarante années, et mourut le 27 décembre 1649. Le P. Gaspard a composé et fait imprimer en langue chinoise des Vie : de : saint : pour chaque mois, avec des passages de l’Écriture et des Pères, et un recueil de méditations sur les quinze mystères du Rosaire. B-s.

FERREIRA (Asromo Futao), voyageur, Portugais d’origine, naquit à Macao vers l’an 1600. Il occupa avec distinction plusieurs emplois civils et militaires, et en 1655 il fut nommé capitaine de la flotte de Macao destinée pour aller à Melille. De retour dans son pays, il trouva toute la colonie en combustion à cause d’une grande dispute qui s’était élevée entre les indigènes et les otiiciers du