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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 19.djvu/85

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trois chants, 1790; 3° un recueil de poésies fugitives, Amsterdam, 1809, 1810,2 vol. in-8o ; 4° un autre recueil de poésies diverses. ouvrage posthume, ibid., 1815, 2 vol. in-8o, 2° édit. Helmers avait fait représenter en 1798, sur le théâtre d’Amsterdam, Dinomaque, ou la Délivrance d’Athènes, tragédie qui n’obtint pas un grand succès. Enfin il fonda et rédigea pendant quelque temps un journal dramatique, sous le titre de Théatre national d’Amsterdam, mais cette feuille ne fut pas continuée.

Z.


HELMFELD (Simon Grundel, baron d’), sénateur feld-maréchal de Suède, célèbre dans ce pays par sa bravoure et ses exploits, naquit à Stockholm, en 1617 : il entreprit plusieurs voyages et commença sa carrière militaire en Allemagne, sous le fameux Torstenson ; mais il se distingua surtout en Pologne pendant les campagnes difficiles que Charles X fit dans ce pays. Helmfeld fut chargé en 1656 de la défense de Riga, que les Russes assiégèrent peu après: il se maintint dans cette place malgré les attaques violentes de l’ennemi, malgré les blessures qu’il reçut et malgré la famine et la peste qui régnèrent à la fois. Il eut, pendant quelques jours, vingt et un cadavres dans sa maison, parmi lesquels étaient ses trois fils. Les Russes ayant levé le siège, il les poursuivit et remporta sur eux une victoire signalée. Ce héros était avancé en âge et vivait dans le repos, lorsque de nouveaux dangers l’appelèrent; il suivit Charles XI dans la guerre contre les Danois, et reçut le commandement d’une partie de l’armée suédoise à la bataille de Landscron, qui eut lieu le 14 juillet 1677. Une balle l’atteignit à la poitrine et mit fin à ses jours. Son corps, conduit à Stockholm, fut déposé solennellement dans la cathédrale de cette ville. Helmfeld cultivait les lettres et encourageait les talents. Il fit don à l’université d’Upsal d’une somme considérable pour secourir un certain nombre d’étudiants dénués de fortune.

— Son fils Gustave d’HEMSFELD, baron de Nyenhusen, né le 10 novembre 1651, a mérité une place parmi les enfants célèbres et les savants précoces. Dès l’âge de dix ans il savait le latin, le grec, l’hébreu et les neuf principales langues vivantes de l’Europe, avait des connaissances étendues en mathématiques et même en théologie, au point d’étonner les docteurs assemblés au synode de Narva. À l’âge de dix-huit ans il soutint avec la plus grande distinction, à l’université de Leyde, une thèse publique De occupatione, fut reçu l’année suivante assesseur au tribunal suprême de Wismar, où il devint ensuite sénateur avec le titre de conseiller du roi de Suède. Il mourut à Thorn, dans sa 23e année, le 27 mars 1674 (voy. le Princeps graece doctus de G.-H. Goetze, ou les Nova litteraria Germ. de 1704, p. 95).

C—AU et C. M. P.

HELMONT (Jean-Baptiste Van), fameux médecin brabançon, né à Bruxelles en 1577, et mort le 30 décembre 1644, était issu d’une famille noble et même illustre ; il prenait le titre de sieur de Royenbrech, Mérode, Orischot, Pellines, etc., fiefs que lui avaient transmis ses aïeux. Renonçant aux emplois éminents auxquels semblaient l’appeler son rang et sa fortune, il embrassa la profession de médecin, malgré la vive opposition de sa mère (Marie de Stassart), et d’un oncle paternel qui lui tenait lieu de son père qu’il avait perdu au berceau (1)[1]. Son ardeur pour l’étude fut telle, qu’avant l’âge de vingt ans il possédait une érudition des plus étendues, puisée dans les écrits des médecins grecs, latins et arabes. dont à vingt-deux ans il avait commenté la plupart des ouvrages. Un esprit inventif, une imagination active mais déréglée, un penchant irrésistible vers les idées paradoxales, devaient entraîner le jeune Van Helmont dans une fausse direction: sa tête n’était point faite pour l’étude des sciences physiques par la voie de l’examen. Des lectures continuelles en firent un érudit; mais le manque absolu de connaissances résultant d’observations pratiques, et la trempe même de son esprit s’opposèrent à ce qu’il devint jamais un vrai savant. En effet, amant du merveilleux, crédule jusqu’à la superstition, il s’infatuait d’hypothèses erronées et absurdes, qu’il défendait à l’aide d’une imagination féconde en images et d’une métaphysique vague et subtile. Ses professeurs, éblouis par ses qualités brillantes, le jugèrent bien plus favorablement que n’a fait la postérité; car à peine avait-il achevé sa licence (2)[2] qu’ils lui conférèrent la chaire de chirurgie dans l’université. Van Helmont l’occupa pendant quelque temps, enseignant ce que, de son propre aveu, il ne savait point. La lecture des anciens lui avait fait remarquer l’invraisemblance de plusieurs de leurs théories sur la nature et la cure des maladies; le galénisme surtout lui semblait présenter de grands défauts en ce genre: il annonça le projet d’opérer une réforme ; elle l’aurait couvert de gloire s’il eût été assez raisonnable pour en choisir les éléments dans l’étude fidèle de la nature: l’on verra bientôt que les moyens qu’il employa rendirent son entreprise ridicule plutôt qu’utile. Au moment où le jeune professeur allait commencer ses travaux réformateurs, il en fut détourné pour longtemps par un événement fort simple, mais qui n’en troubla pas moins toutes ses idées. Tourmenté par une gale qu’il n’avait pu guérir en suivant des recettes vantées dans les livres, et qu’il fit disparaître lorsqu’il eut employé le soufre, Van Helmont se dégoûta tout à coup de la médecine, qu’il taxa de science incertaine,

(1) Les lettres dans lesquelles il fait valoir, auprès de sa mère, les motifs qui l’engageaient a suivre la médecine de préférence a toute autre carrière, sont écrites en flamand, mais avec une énergie remarquable. Elles existent encore dans la bibliothèque d’un arrière-neveu de Van Helmont.

(2) C’est à tort que plusieurs biographes ont avancé que, dès cette époque, il avait été reçu docteur. L’assertion est controversée: ce grade se donnait très-rarement à Louvain, et longtemps après la licence, seulement à des hommes qui s’en étaient rendus dignes par leurs travaux dans l’université.


  1. (1) Les lettres dans lesquelles il fait valoir, auprès de sa mère, les motifs qui l’engageaient a suivre la médecine de préférence a toute autre carrière, sont écrites en flamand, mais avec une énergie remarquable. Elles existent encore dans la bibliothèque d’un arrière-neveu de Van Helmont.
  2. (2) C’est à tort que plusieurs biographes ont avancé que, dès cette époque, il avait été reçu docteur. L’assertion est controversée: ce grade se donnait très-rarement à Louvain, et longtemps après la licence, seulement à des hommes qui s’en étaient rendus dignes par leurs travaux dans l’université.