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decin : 1° Remèdes contre les cours de ventre, Paris, 1688, in-12 ; 2° Lettres sur la nature et la guérison du cancer, 1691, in-4o*, et 1706, in-12. L’extirpation est, selon l’auteur, le seul remède contre le cancer confirmé: dans les meilleurs topiques, il ne voit que des palliatifs. 5° Méthode pour guérir toutes sortes de fièvre sans rien prendre par la bouche, Paris, 1694 et 1746, in-12; Amsterdam et Leipsick, 1694, in-8o, en latin. Il propose le kina pris en lavement. 4° Traité des pertes de sang avec leur remède spécifique, accompagné d’une lettre sur la nature et la guérison du cancer, Paris, 1697 et 1706, in-12. Son spécifique n’est autre chose que la combinaison de deux parties d’alun et d’une de sang-dragon, connue dans la pharmacie sous la désignation d’alun teint de Mynsicht, ou pilules d’Helvétius. 5° Dissertation sur les bons effets de l’alun, 1704, In-12; 6°Mémoires instructifs de différents remèdes pour les armées du roi, Paris, 1705, in-12; 7° Traité des maladies les plus fréquentes et des remèdes spécifiques pour les guérir, Paris, 1705, 1707, in-12 ; ’5° édition, 1724, 2 vol. In-8°; 4° édition, 1739 ; 8° Méthode pour traiter la vérole par les frictions et par les sueurs, la Haye, 1710, in-12 ; ouvrage insignifiant ; 9° Recueil des méthodes approuvées des écoles de médecine pour la guérison des plus dangereuses maladies qui attaquent le corps humain, Trévoux, 1710, in-12 ; 10° Remèdes contre la peste, Paris, 1721, in-12.

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HELVÉTIUS (Jean-Claude-Adrien), fils du précédent, naquit à Paris le 18 juillet 1685. Élevé d’abord dans la maison paternelle, il fit ensuite ses études au collège des Quatre-Nations, où il se distingua, et passa delà sur les bancs de la faculté de médecine. Il y reçut le bonnet de docteur en 1708, à l’âge de vingt-deux ans, et se livra presque aussitôt à la pratique avec tant de succès qu’un an après sa réception il fut appelé en consultation pour Louis XIV, dans la maladie à laquelle succomba ce monarque. En 1715, son père acheta pour lui une charge de médecin du roi par quartier; et dès lors il se fit connaître si avantageusement à la cour, que Louis XV étant tombé dangereusement malade en 1719, Helvétius fut consulté; il donna des conseils qui obtinrent la préférence, et furent justifiés parle plus entier succès. Ayant proposé la saignée du pied, il fut d’abord seul de son avis ; mais il sut l’appuyer de raisons si judicieuses, qu’il y ramena bientôt tous les consultants, et que la saignée faite produisit tous les bons effets qu’on en attendait. Il ne fallait sans doute pas moins de courage que d’habileté pour oser se charger de la responsabilité de l’événement dans une circonstance aussi importante : aussi, après ce succès, le duc d’Orléans, régent, accorda-t-il tant de confiance à Helvétius, qu’il ne voulut plus lui permettre de s’éloigner du jeune monarque; et, lorsque la cour fut à Versailles, il engagea ce médecin à venir s’y fixer, en lui offrant une pension de dix mille francs, que celui-ci n’accepta qu’avec l’aveu de son père. Helvétius fut ensuite conseiller d’État, inspecteur général des hôpitaux militaires de Flandre, et premier médecin de la reine Marie Leczinska, dont il possédait toute la confiance. Sa réputation le fit également nommer membre des Académies des sciences de Paris, Londres, Berlin, Florence, et de l’institut de Bologne; et en général l’on peut dire que recherché, comme son père, par la cour et la ville, il hérita de toute la considération dont jouissait ce dernier. Ce médecin était d’ailleurs aussi respectable par sa probité que par son savoir. La douceur de ses mœurs et la tranquillité de son âme étaient peintes sur son visage. Il mourut le 17 juillet 1755, âgé de 70 ans moins un jour. Par suite de l’affection qu’il avait toujours eue pour la faculté de médecine de Paris, il lui légua tous ceux des livres de sa bibliothèque que cette compagnie n’avait pas dans la sienne. On connait de lui les ouvrages suivants : 1° Idée générale de l’économie animale, et observations sur la petite vérole, Paris, 1722, in-12; et 1725, in-12; Lyon, 1727, in-12 ; en anglais, 1723, in-8o. Dans cet ouvrage, après avoir établi des principes généraux hypothétiques et même fort peu judicieux sur la théorie des fièvres, qu’il fait dépendre de l’épaississement ou de la vicieuse fermentation du sang, il s’appuie sur ces raisonnements pour proposer différents moyens curatifs, tels que la saignée, le vomissement, la purgation. 2° Lettre au sujet de la critique de cet ouvrage par M. Besse, Paris, 1725, In-8° ; 5° Éclaircissements concernant la manière dont l’air agit sur le sang dans les poumons, Paris, 1728, In-4°. Cet ouvrage est écrit contre Michlotti. L’auteur n’apporte aucun fait à l’appui de ses raisonnements ; et tout y repose, comme dans la plupart de ses ouvrages, sur des hypothèses plus ou moins hasardées. 4° Principia physico-medica in tyronum medicinae gratiam conscripta, Paris, 1752, 2 vol. in-8o; Francfort, 1755, 2 vol. In-4°.

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HELVÉTIUS (Claude-Adrien), auteur du fameux livre de l’Esprit, né à Paris en janvier 1715, était fils du précédent. Il étudia chez les jésuites, au collège Louis le Grand, où, suivant Grimm et Chastellux, de fréquents rhumes de cerveau lui donnèrent longtemps une apparence de stupidité. Saint-Lambert aime mieux imputer la lenteur de ses progrès au despotisme de ses régents. Lorsqu’il fut en rhétorique, le P. Porée découvrit en lui le germe d’un esprit observateur dont il hâta le développement par des soins particuliers. La famille d’Helvétius, le destinant aux emplois de la finance, l’envoya chez son oncle maternel, M. d’Armancourt, directeur des fermes à Caen. À l’âge de vingt-trois ans il obtint, par la protection de la reine (Marie Leczinska), une place de fermier général, qui valait cent mille écus de rente. Le jeune financier, à son entrée dans le monde, cherchait partout le mérite malheureux, et le secourait avec une ingénieuse délicatesse. Il donna trois mille francs de pension à Saurin ; et, dans