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positura in interno sensorio. Depuis lors, il concourut, avec le plus grand zèle, aux travaux de cette compagnie, faisant des leçons aux sages-femmes, visitant les pauvres malades qui étaient sous sa bienveillante surveillance, etc. Nous avons dit que la métaphysique était une de ses occupations favorites ; en 1755, elle lui inspira ses Conjectures sur les Mémoires originaux dont il paraît que Moïse s’est servi pour composer le livre de la Genèse[1], Bruxelles (Paris), 1753, in-12 ; et bientôt, pour détruire les doutes que cet ouvrage avait fait élever sur son orthodoxie, il publia encore deux dissertations sur l’immortalité, l’immatérialité et la liberté de l’âme, 1755, in-12. L’année 1756 vit encore paraître ses Doutes sur l’inoculation, Paris, in-12. Enfin l’usage qu’il avait de dicter ses leçons dans ses cours, et l’impression prématurée qui en fut faite par plusieurs élèves, et qui avait été accueillie par l’Angleterre, nation rivale qui fait rarement cet honneur aux écrivains des autres peuples, vinrent lui commander de nouveaux travaux. Dés 1743, avait paru à Genève, par les soins d’un nommé Lamotte, qui n’indiqua pas la source où il avait puisé pour s’en attirer tout le mérite, un ouvrage intitulé : Tractatus therapeuticus, que du reste Astruc renia constamment ; et, dans la même ville, en 1755, un autre ouvrage : Tractatus pathologicus, in-8o, partant aussi de la même origine, et qu’Astruc reconnut pour être, à peu de chose près, littéral. Dés lors notre laborieux écrivain se détermina à les publier lui-même, et il donna successivement : Traite des tumeurs et des ulcères, 2 vol. in-12,1759, accompagné de deux lettres relatives à quelques objets de matière médicale : Traité des maladies des femmes, 6 vol. in-12, dont les quatre premiers parurent en 1761, et les deux derniers en 1765 ; et : Manuel des accouchements à l’usage des sages-femmes, in-12, 1766. La mort qui, dans cette année 1766, vint le frapper à l’âge de 82 ans, le 5 mai, l’empêcha de publier lui-même ses Mémoires pour servir à l’histoire de la faculté de médecine de Montpellier, in-4o, qui ne furent publiés qu’en 1767, par les soins de Lorry. L’année suivante, parut un autre ouvrage posthume, sous ce titre : l’Art d’accoucher réduit à ses principes, 1 vol. in-12, dans lequel l’auteur expose les pratiques les plus sûres et les plus usitées dans les différentes sortes d’accouchements. Cette longue suite de travaux, leur caractère, l’esprit qui y règne, confirment assez le jugement que nous avons porté d’Astruc, médecin doué d’une mémoire prodigieuse, d’un esprit droit, mais froid et peu inventif ; plus capable de recevoir une impulsion que de l’imprimer ; qui ne contribua nullement à l’heureuse révolution qui ramena la médecine dans les sûrs et bons principes d’Hippocrate ; qui ne passa pour bon praticien que parce que, le plus souvent, il laissait agir la nature ; mais qui, par l’ordre qu’il établit dans ses vastes travaux d’érudition, doit servir de modèle a ceux qui aspirent au même genre de succès. C. et A-n.


ASTYAGE, fils de Cyaxare, roi des Mèdes, monta sur le trône après la mort de son père, vers l’an 594 avant J.-C. Il avait épousé Aryénis, fille d’Alyatte et sœur de Crésus. On ne sait si ce fut d’elle ou d’une autre femme qu’il eut Mandane. Craignant d’être détrône par son petit-fils, il maria Mandane à un Perse nommé Cambyse, et ordonna de tuer le fils qu’elle en eut. Ce fils, qui fut le grand Cyrus, élevé par un berger, se fit reconnaître plus tard par son grand-père et finit par le détrôner, l’an 559 avant J.-C., comme on le verra plus en détail à son article. Tel est du moins le récit d’Hérodote. Mais si l’on ajoute foi à celui de Xénophon, qui, tout en faisant un roman de la vie de Cyrus, a dû respecter le fond des événements, Astyage aurait eu, outre sa fille, un fils nommé Cyaxare, qui lui succéda, et qui, mourant sans enfants, laissa ses États à Cyrus. C-r.


ASYCHIS, roi d’Égypte, successeur de Mycérinus. Les historiens ne fournissent aucun renseignement sur la durée de son règne. Larcher, dans sa Chronologie d’Hérodote, l’évalue à 40 ans (1052-1012 avant J.-C.), d’après une induction tirée du temps que ce prince dut employer à la construction des monuments qu’on lui attribue. Asychis, au rapport d’Hérodote, voulut surpasser tous ses prédécesseurs par la magnificence et la grandeur de ses édifices. Il fit élever une pyramide de briques qui portait cette inscription : « Ne me méprise pas en me comparant aux pyramides de pierre. Je suis autant au-dessus d’elles que Jupiter est au-dessus des autres dieux ; car j’ai été bâtie de briques faites du limon tiré du fond du lac. » Le portique oriental du temple de Vulcain fut aussi son ouvrage. Ce prince fut en même temps un sage législateur : « Sous son règne, comme le commerce souffrait de la disette d’argent, il publia, me dirent les prêtres, une loi qui défendait d’emprunter, à moins qu’on ne donnait pour gage le corps de son père. On ajouta à cette loi que le créancier aurait en sa puissance la sépulture du débiteur, et que, si celui-ci refusait de payer la dette pour laquelle il aurait hypothéqué un gage si précieux, il ne pourrait être mis après sa mort dans le sépulcre de ses pères ni dans quelque autre que ce fût, et qu’il ne pourrait, après le trépas d’aucun des siens, leur rendre cet honneur. » (Hérod., liv. 2.) C. W-r.


ATAHUALPA, Inca du Pérou, plus connu en Europe sous le nom défiguré d’Atabaliba, fils d’Huayna Capac, douzième Inca, et d’une princesse de Quito, hérita en 1517 de ce dernier royaume, que son père avait réuni au Pérou. Le reste de l’empire étant échu à Huascar, son frère, né d’une princesse du sang des Incas, les deux frères ne tardèrent pas à se disputer ce bel héritage, et a vider leur querelle les armes a la main. Cette guerre était dans toute sa force, quand Pizarre aborda au Pérou, en 1532. La renommée avait grossi ses forces et ses exploits, et, de même que les Mexicaine, les Péruviens regardèrent les Espagnols comme des êtres d’une nature supérieure. Dans leur haine aveugle, chacun

  1. Cet écrit a été réfute par Bjornsthal, dans ses Animadversiones in conjectures de transcriptis a Mose commentariis, Upsal, 1761, in-4o.