Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 23.djvu/19

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de la classification, on a dit que les travaux de Lamarck et de Cuvier se sont quelquefois suivis d’assez près pour embarrasser l’historien le plus probe et le plus impartial ; ce fait est incontestable ; mais Lamarck demeura constamment étranger à l’anatomie pratique ; il sut seulement profiter avec une rare habileté des recherches spéciales de Cuvier, et s’élever par leur secours à des idées de coordination que le grand anatomiste n’aurait peut-être pas toujours aperçues, pour lesquelles du moins il ne semblait pas avoir ce sentiment instinctif dont son illustre collègue était doué à un si haut degré. 10° Philosophie zoologique, ou Exposition des considérations relatives à l’histoire naturelle des animaux, à la diversité de leur organisation et des facultés qu’ils en obtiennent, aux causes physiques qui maintiennent en eux la vie et donnent lieu aux mouvements qu’ils exécutent, à celles qui produisent, les unes, le sentiment, et les autres, l’intelligence de ceux qui en sont doués ; Paris, 1809, 2 vol. in-8° ; ibid., 1850, 2 vol. in-8°. Dans ce livre, où l’auteur a exposé une physiologie toute à lui, il y a beaucoup d’hypothèses, on doit en convenir ; l’ensemble a une physionomie qui choque, ou qui du moins semble étrange, et les conséquences déduites de principes vrais sont souvent forcées au plus haut point. La proposition qui a soulevé le plus d’objections est celle qu’un besoin peut engendrer des organes. Cependant un besoin n’est que l’expression d’un rapport entre la forme de la vie et les influences ambiantes. Celles-ci venant à varier, et le peu que nous savons en géologie prouve qu’elles l’ont fait plus d’une fois, les relations n’étant plus les mêmes, il faut de toute nécessité que les corps vivants s’éteignent quand le passage d’un ordre de choses à l’autre est brusque, ainsi qu’il est arrivé à plusieurs reprises, ou qu’ils se modifient quand cette transition a eu lieu d’une manière lente et graduelle. Le tort de Lamarck n’est donc pas d’avoir admis des générations spontanées et modifiables par le seul effet des lois de la nature, mais d’avoir supposé que ces modifications pouvaient n’avoir pas de termes, et que la plus simple organisation donnée suffisait pour expliquer ainsi la production de toutes les autres. La seule objection qu’on lui ait faite, celle qu’il y a identité des formes animales depuis les temps historiques les plus reculés jusqu’à nos jours, n’a philosophiquement aucune valeur. Que sont, en effet, quarante siècles dans ce passé et dans cet avenir, dont, malgré l’effroi qu’éprouve notre imagination, nous sommes forcés de reculer sans cesse les bornes, qui finissent par se perdre dans l’infini, ou, si on l’aime mieux, dans l’indéfini ? En résumé la Philosophie zoologique, quand elle ne renfermerait que les chapitres tant critiqués sur l’espèce, attesterait déjà une rare vigueur d’esprit, et aurait droit à une place très-élevée parmi les productions scientifiques du commencement du 19e siècle. Ajoutons qu’on y trouve aussi sur la série animale des vues très-nouvelles et très-hardies à l’époque où elles parurent, mais qui commencent à être aujourd’hui très-généralement acceptées. 11° Extrait du cours de zoologie du muséum d’histoire naturelle sur les animaux sans vertèbres, présentant la distribution et la classification de ces animaux, les caractères des principales divisions, et une simple liste de genres, Paris, 1812, 1 Vol. in-8" ; 12° Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, présentant les caractères généraux et particuliers de ces animaux, leur distribution, leurs classes, leurs familles, leurs genres, et la citation des principales espèces qui s’y rapportent ; précédée d’une introduction offrant la détermination des caractères essentiels de l’animal, sa distinction du végétal et des autres corps naturels ; enfin l’exposition des principes fondamentaux de la zoologie, Paris, 1815-1822, 7 vol. in-8°. Depuis la mort de l’auteur, MM. Deshayes et Milne-Edwards ont publié une seconde édition, Paris, 1856-1845, 11 vol. in-8°. C’est l’ouvrage capital de Lamarck, le seul, avec la Botanique et la Philosophie zoologique, qui passera à la postérité. On peut prévoir un temps où il perdra le caractère classique qui le distingue si éminemment aujourd’hui ; mais du moins demeurera-t-il toujours comme un des plus beaux monuments de l’esprit humain. 15° Mémoire sur les fossiles des environs de Paris, 1823, 1 vol. in-4°, avec grand nombre de planches. Ce mémoire, imprimé par fragments dans les Annales du muséum, n’a pas été terminé ; il ne traite que des coquilles fossiles, dont Lamarck a contribué plus que personne à répandre l’étude. 14° Système analytique des connaissances positives de l’homme, restreintes à celles qui proviennent directement ou indirectement de l’observation, Paris, 1830, in-8°.

J-d-n et X.

LAMARCK. Voyez Aremberg.

LA MARDELLE (Guillaume-Pierre-François de), procureur général près le conseil supérieur de Port-au-Prince, naquit en 1752 à St-Domingue, où sa famille, originaire du Berry, avait des possessions. Il revint en France, pour cause de santé, en 1785. Les plans qu’il présenta au maréchal de Castries, à l’effet d’améliorer le sort des nègres et de diminuer les frais de justice, furent approuvés par le gouvernement ; et, nommé conseiller d’État, il retourna en 1786 à St-Domingue, où, malgré de nombreux obstacles, il mit ses plans à exécution. Au commencement de 1789, il publia, a la suite de l’Éloge du comte d'Ennery. un tableau de l’administration de la justice, le premier de ce genre qui eût encore paru, Port-au-Prince et Paris, 1 vol. in-8°. La révolution ayant éclaté à St-Domingue, il vint se fixer près de Tours ; il y fit paraître, en 1805, Moise justi/ie. 1 vol. in-18, dans lequel il montre l’accord des principes de la physique avec le récit de la création dans la Genèse. L’année suivante, il publia sa Re/’orne judiciaire en Francs, Paris, 1806, in-8° ; et trois ans après, il compose son Principe