Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 23.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être indemnisés aux dépens de ses ennemis. Trois jours après il fut élu secrétaire. Le 8 mars suivant, il demanda que le décret de séquestre qu’il avait provoqué ne fût pas soumis au veto du roi, ce qui était une infraction évidente de la constitution. Le 28 juin, il proposa de casser tous les membres des tribunaux, « parce qu’ils n’étaient « pas assez patriotes. » Le 9 août, il pressa l’assemblée de prononcer la déchéance du roi, ce qui a fait croire qu’il était dans le secret de la conspiration ; et ce qui le prouve encore davantage, c’est qu’il proposa à l’assemblée de se déclarer en permanence jusqu’à la décision de cette importante question. Le lendemain, au moment où la populace attaquait le château des Tuileries, il fut envoyé avec Carnot et deux autres de ses collègues pour essayer de rétablir l’ordre ; mais ils rentrèrent bientôt sans avoir fait beaucoup d’efforts ni couru de grands périls, déclarant qu’il : n’avaient pas pu se faire reconnaître. Cependant Lamarque s’était offert lui-même pour marcher à la tête de cette députation. Il rédigea le lendemain une adresse au *peuple, .pour lui faire approuver les événements de la grande journée. Le 20 du même mois, il fut chargé d’une autre mission auprès de l’armée de Luckner, et il écrivit de la frontière du Nord que « partout on trouvait la preuve des trahisons du pouvoir exécutif ; que Metz était sans canons, et les soldats sans armes, etc., etc. » À son retour, il devint membre de la convention nationale, et y vota la mort de Louis XVI, de la manière suivante : « Louis est coupable de conspiration ; il fut parjure, il fut traître. Son existence soutient les espérances des intrigants, les efforts des aristocrates. La loi a prononcé la peine de mort ; je la prononce aussi, en désirant que cet acte de justice, qui fixe le sort de la France, soit le dernier exemple d’un homicide légal. » Il rejeta l’appel au peuple et le sursis à l’exécution. Lamarque se montra fort hostile au parti de la Gironde, et défendit, contre Gensonné, la commune de Paris, accusée de faire délibérer la convention sous le couteau. Il entra ensuite au comité de défense générale, et demanda la suspension des procédures commencées contre les auteurs des massacres de septembre ; il s’opposa ensuite à ce que le duc d’Orléans fût compris dans le décret (l’expulsion de la famille des Bourbons, et vanta les services rendus par ce prince à la révolution. À la suite d’un rapport sur les pamphlets répandus depuis la mort de Louis XVI, il fit décréter la peine de mort contre les auteurs d’écrits provoquant le retour de la royauté. Au moment de la défection de Dumouriez, il fut envoyé à l’armée du Nord, avec Bancal, ses collègues Camus, Quinette et le ministre de la guerre Beurnonville, afin de le faire arrêter ; mais ce général les ayant livrés au prince de Cobourg, ils furent tous détenus par les Autrichiens jusqu’au mois de décembre 1795, dans les cachots du Spielberg. À cette époque, l’Autriche consentit à les échanger contre la princesse fille de Louis XVI. Lamarque entra alors au conseil des cinq-cents, où il reprit bientôt son système de diffamation contre la royauté, et on l’y vit se dédommager par de violents discours du silence qu’il avait été contraint de garder si longtemps. Nommé l’un des secrétaires du conseil avec Bancal, Quinette et Drouet, le 25 janvier 1796, il déclara qu’il regardait comme ennemi de la république quiconque provoquerait la suppression des associations de citoyens. À cette occasion, il attaqua vivement le royalisme, dont plusieurs de ses collègues niaient l’existence, et il soutint que le système d’anarchie était imaginaire. Dans le mois de septembre suivant, il présenta une motion sur l’instruction publique et renseignement des langues vivantes, pour lesquelles il réclama, contre l’avis de Mercier, l’institution de chaires publiques et gratuites. C’est à ce sujet qu’il se livra à une discussion véritablement curieuse sur l’origine des langues. Plus tard, il prononça un discours en faveur de la loi du 5 brumaire, qui excluait les nobles et parents d’émigrés des fonctions publiques, et il invoqua une amnistie générale et absolue, parlant dans l’intérêt de Barère, auquel il aurait surtout désiré la faire étendre. Il se déclara fortement, le 28 décembre, contre toute atteinte à la liberté de la presse, et vota néanmoins pour le projet de Daunou, relatif à la calomnie. Il fit ensuite ordonner un rapport sur les prêtres réfractaires. Le 4 février 1797, il se livra à une nouvelle sortie contre le royalisme, et soutint qu’il résultait des pièces de la conspiration de Lavilleurnoy que ses complices n’étaient pas de la faction d’Orléans, mais bien des agents de Louis XVIII, des Anglais, des émigrés et des Autrichiens. Il fut élu président le 20 avril ; puis il demanda, pour amener le rappel de son ami Barère, que toutes les lois inconstitutionnelles fussent abolies. Il s’éleva peu après contre le libre exercice des cultes, rappela les crimes commis au nom de la religion, et s’efforça de faire soumettre à un nouveau serment les prêtres catholiques. Il fut, à cette époque, un des plus ardents défenseurs du directoire dans sa lutte avec les conseils, et s’opposa, dans la séance du 10 août, à l’adoption des propositions de Bailly, tendantes à faire examiner la conduite du directoire relativement à la marche des troupes vers Paris et aux adresses des armées. Il eut part ensuite à toutes les attaques du directoire contre le parti clichien, et présida le conseil des cinq cents à l’odéon, le 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797). Peu de jours après cette révolution, il prononça le discours commémoratif de la fondation de la république, vota le 27 novembre en faveur de la successibilité des enfants naturels, demanda des indemnités pour les complices de Babeuf, acquittés par la haute cour de Vendôme, et, le 22 mars 1798, présenta une opinion sur