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une traduction d’Hérodote, laissée manuscrite par l’abbé Bellanger. Il vit bientôt qu’il y avait trop à corriger, et il crut qu’il valait mieux en faire une nouvelle. Pendant une grave maladie, qui ne lui permettait pas de se livrer aux travaux sérieux et pénibles qu’exigeait ce grand ouvrage, il se procura une distraction agréable en composant un Mémoire sur Vénus, qu’il envoya, en 1775, au concours de l’Académie des belles-lettres, et qui fut couronné. L’on doit à une autre interruption, qui l’éloignait pour quelque temps de son Hérodote, la traduction de la Retraite des Dix-mille, par Xénophon. Elle parut en 1778 (2 vol. in-12), et ajouta encore à la réputation de Larcher comme helléniste et comme érudit ; mais elle ne lui en donna pas comme écrivain, et l’on put craindre qu’il n’égalat pas mieux le style d’Hérodote qu’il n’avait égalé celui de Xénophon. Cette crainte fut tout à fait réalisée. L’Hérodote, longtemps attendu, parut en 1786 (en 7 volumes in-8° et 9 volumes in—1°) ; et l’on pensa généralement que le traducteur écrivait très-mal ; qu’il ne se doutait même pas de ce que c’est que le style, mais que la richesse de son commentaire, l’importance des recherches géographiques et chronologiques, feraient de son ouvrage un des plus beaux monuments de l’érudition française. Larcher était entré, en 1778, à l’Académie des belles-lettres, et il prit une part active aux travaux de cette compagnie. On trouve de lui, dans les tomes 45-48 du recueil de l’Académie, de savantes dissertations sur les vases Théricléens ; sur les vases Murrhins ; sur quelques époques des Assyriens ; sur les fêtes des Grecs, omises par Castellanus et par Meursius ; sur l’expédition de Cyrus le jeune ; sur Phidon, rol d’Argos ; sur l’archonte de Créon ; sur l’histoire de Cadmus ; sur l’ordre équestre chez les Grecs ; sur llermlas, l’ami d’Aristote ; sur la Noce Sacrée ; sur l’Etymologicon magnum. On trouve aussi de lui dans le Journal des Savants (décembre 1785) une lettre sur le Sophocle de Brunk. Larcher, qui vivait dans une retraite profonde, eut le bonheur d’échapper aux fureurs de la révolution. Il fit partie de la classe de littérature et beaux-arts de l’Institut ; et, à l’époque de la seconde organisation de ce corps, il passa dans la troisième classe, appelée classe d’histoire et de littérature ancienne. Ce fut alors qu’il composa quatre mémoires, insérés dans le recueil de cette compagnie, sur les premiers siècles de Rome ; sur le phénix ; sur la harangue de Démosthène, en réponse à la lettre de Philippe ; sur les observations astronomiques envoyées à Aristote par Callisthène. Larcher, qui n’avait cessé de retoucher son Hérodote, en fit paraître, en 1802, une seconde édition, avec des additions et des améliorations considérables : l’Essai sur la chronologie offre surtout de grands changements. Dans la première édition, il avait hasardé quelques idées peu d’accord avec les vérités chrétiennes : devenu, avec Page, mieux savant et plus pieux, il effaça toutes ces hardiesses. Quand l’université impériale fut créée, le grand maître le nomma professeur de grec. C’était un honneur qu’il voulait faire à cette université naissante, et non pas un devoir qu’il voulait imposer à ce savant vieillard. Larcher accepta le titre, et la place fut remplie par un professeur suppléant, qui aurait souhaité ne lui succéder jamais. Larcher avait à cette époque quatre-vingt-trois ans, et il se portait assez bien pour que l’on put espérer de le conserver encore longtemps. Une chute assez légère, qu’il fit en 1812, amena des accidents fort graves, et il mourut le 22 décembre. Son éloge, prononcé par Dacier à l’Académie des inscriptions, se trouve dans le Moniteur des 6 et 8 septembre 1817 ; et l’auteur de cet article a écrit, sur la vie et les écrit de M. Larcher, une Notice étendue, qui a paru en 1815, au devant du catalogue de sa bibliothèque, et qui a été réimprimée en entier dans le Magasin encyclopédique de juin 1814, dans le n°19 du Classical-Journal, et par extraits dans le premier volume des Literarirche Analekten de M. Wolf. B-ss.


LARCHEVÊQUE, sculpteur français, né en 1721, fut nommé agrégé de l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris en 1755. Vers l’année 1760, il fut appelé à Stockholm pour faire le modèle de la statue pédestre de Gustave Wasa, qui a été placée au centre de la ville, en face de l’hotel de la noblesse et de la cathédrale. Larchevêque fit ensuite le modèle de la statue équestre de Gustave-Adolphe, que l’on voit sur la plus belle place de la ville, en face du château. Les deux statues sont en bronze, et de grandeur colossale ; elles ont été jetées en fonte par un artiste suédois, nommé Meter. Larchevêque retourna en France vers l’année 1776, et mourut à Montpellier le 25 septembre 1778. Il avait obtenu en Suède la décoration de l’ordre de l’Étoile polaire, et il obtint en France celle de l’ordre de St-Michel. Il forma en Suède quelques élèves, et il entretint des relations particulières avec l’habile peintre d’histoire Pilou, qui a fait le tableau du Couronnement de Gustave III. C-au.


LARDIZABAL (don Manuel de), ministre de Ferdinand VII, roi d’Espagne, naquit en Biscaye, vers 1750, d’une famille noble, et vint de bonne heure à la cour de Madrid, où il fut, sous le règne de Charles IV, membre du conseil suprême de Castille. S’étant mis en opposition avec le fameux Godoi, il éprouva une disgrâce complète à l’époque du procès de l’Escurial (voy. Ferdinand VII), et ne rentra en grâce qu’à l’avènement de Ferdinand VII, en 1808. Ce prince l’ayant alors rétabli dans ses titres et emplois, il le suivit à Bayonne, et se vit contraint, dans cette ville, de faire partie de la junte des notables espagnols que Napoléon força d’accepter la constitution qui établissait la royauté de son frère Joseph Bonaparte. Il fut en conséquence l’un des quatre-vingt-douze membres de cette junte qui reconnurent le nouveau roi par