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la déclaration du 8 juin, et qui l’accompagnèrent ensuite en Espagne. Mais il saisit la première occasion de se soustraire à cette oppression et de se réunir à ses compatriotes insurgés, qui le nommèrent aussitôt l’un des cinq membres de la junte suprême de gouvernement, installée à Madrid dans le mois de septembre de cette année, et que la marche des Français obligea ensuite de se retirer à Aranjuez, puis à Séville. Lardizabal y conserva ces fonctions importantes pendant près de deux ans, et il s’en acquitta avec autant d’habileté que de courage et de dévouement à son souverain. Mais quand il vit de nouvelles opinions s’introduire parmi ses compatriotes, et que des idées de révolution et de changements dans la constitution monarchique vinrent les diviser, il se déclara hautement contre les cortès qui voulaient établir des changements, et il cessa de faire partie du gouvernement. S’étant alors retiré à Alicante, il y publia en 1811 une brochure intitulée le Gouvernement et la hiérarchie d’Espagne vengés, dans laquelle, comparant les anciennes lois de la monarchie espagnole avec celles que les cortès voulaient y substituer, il donnait hautement la préférence aux premières, et traitait les novateurs avec beaucoup de sévérité. Les partisans de la nouvelle constitution soulevèrent la populace, et l’on vit éclater contre l’auteur une véritable émeute. Après avoir échappé à ces fureurs, Lardizabal fut poursuivi et arrêté par ordre des cortès. On saisit tous ses papiers, et il fut conduit prisonnier à Cadix. Le conseil de Castille, soupçonné de partager ses opinions, fut suspendu de ses fonctions, et lui-même destitué par un jugement que l’assemblée des cortès prononça à la suite des plus violents débats. Éloigné ainsi de toute participation aux affaires, Lardizabal resta dans cette position jusqu’au retour de Ferdinand VII, en 1814. Un des premiers actes du pouvoir de ce prince fut de rapporter le jugement des cortès et de le nommer conseiller d’État et ministre des Indes. Lardizabal adressa aussitôt aux habitants du Pérou une proclamation très-énergique, afin de les ramener à l’obéissance du roi légitime, et ce début eut un plein succès. Tout annonçait au nouveau ministre le plus heureux avenir lorsqu’une circonstance imprévue, qui reste encore inexplicable, vint l’accabler du sort le plus funeste. Tout à coup arrêté par ordre du roi, ainsi que ses amis Abadia et Calomarde, ils furent transférés dans différentes prisons. On a dit qu’une correspondance indiscrète, dans laquelle se trouvaient révélées quelques intrigues de la cour de Ferdinand VII, et que des ennemis de Lardizabal communiquèrent à ce prince, fut cause de cette catastrophe. On a dit aussi qu’il fut poursuivi par la haine des cortès. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’après avoir été longtemps détenu dans la citadelle de Pampelune, il mourut exilé en Biscaye, à la fin de 1823, et qu’on le regarda généralement comme une victime de l’ingratitude et de la faiblesse de Ferdinand VII. — Lardizabal (don Jose), général espagnol, de la même famille que le précédent, entra fort jeune dans la carrière des armes. Il était officier supérieur en 1808. Ayant embrassé avec beaucoup de zèle la cause de l’indépendance, il fut nommé général, et se distingue dans plusieurs occasions, notamment au siège de Sagonte. Il commandait une division dans Valence, lorsque le maréchal Suchet s’empara de cette ville en janvier 1812. Fait prisonnier de guerre et transféré en France, il resta longtemps détenu dans la forteresse de Vincennes. Cette détention, qui fut extrêmement rigoureuse et ne cessa qu’en 1814, altéra singulièrement sa santé. Revenu alors à Madrid, le général Lardizabal mourut au bout de six mois, à peine âgé de 57 ans. — Un général du même nom et de la même famille combattit longtemps dans la Navarre pour la cause de don Carlos, et il figurait encore à la tête des troupes qui levèrent Pétendard de l’insurrection contre Espartero en 1811. M-dj.


LARDNER (Nathaniel), savant ministre presbytérien anglais, naquit en 1684 à Hawkherst, dans le comté de Kent. Il fit de bonnes études à Londres, à Utrecht et à Leyde, et ne voulut débuter dans la carrière de la prédication qu’à l’âge de vingt-cinq ans. En 1715, lady Treby, veuve du lord chef de justice, le prit pour son chapelain et le chargea de servir de mentor à son fils. Lardner accompagna son jeune élève en France et dans d’autres pays : il ne le quitta qu’à la mort de lady Treby. Les presbytériens l’ayant chargé, en 1785, de prêcher à Old Jewry, conjointement avec d’autres ministres, Lardner donna sur la crédibilité de l’histoire évangélique trois sermons qui furent probablement le germe de son ouvrage, dont il publia quatre ans après, en deux volumes in-8°, la première partie sous le titre de Crédibilité de l’Histoire évangélique, ou les Faits rapportés dans le Nouveau Testament, justifiés par le témoignage des auteurs contemporains. Ces deux volumes furent reçus très-favorablement du public, sans distinction de secte ni de parti. C’était le temps où Woolston acquérait une si triste célébrité par ses productions impies : il venait de faire imprimer ses discours contre les miracles de Jésus-Christ. Lardner les réfuta avec le plus grand succès dans un ouvrage intitulé Défense (Vindication) de trois miracles. etc. En 1755, il donna le premier volume de la seconde *partie de sa Crédibilité qui fut à l’instant traduite avec les deux autres par Westerhaen en allemand, et par Wolff en latin. Deux ans après (1735), parut le second volume, qui augmenta beaucoup la réputation de l’auteur. En 1757, il publia ses Conseils pour la jeunesse. En 1758,17-10 et 1745, il donna successivement le troisième, le quatrième et le cinquième volume de la seconde partie de la Crédibilité. Il ne tarda pas à y donner un Supplément, que le docteur Watson, évêque de Landaff, a joint à d’autres