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pas moins très-remarquables à l’époque où ils ont paru. 4° De l’influence de l’imagination des mères sur le produit de la conception (même recueil). L’auteur, tout en reconnaissant l’influence que les commotions externes, les impressions intérieures exercent parfois sur le mode de développement de l’œuf humain, déclare qu’il est absurde de supposer que les modifications qui en résultent pour ce dernier puissent jamais emprunter quelques-uns des caractères de la cause perturbatrice.

D-d—r.


LAMB (Jacques Bland-Burges), publiciste et poete anglais, naquit le 8 juin 1752, à Gibraltar. Fils unique d’un officier fort riche, ensuite contrôleur général des douanes dans la Grande-Bretagne du Nord, il fut élevé avec le plus grand soin, demeura deux ans à l’université d’Édimbourg, sous Somerville, l’auteur de l’Histoire du règne de la reins Anne, passa bientôt à l’école de Westminster et enfin, de 1769 à 1775, fut un des hôtes du collége de l’université à Oxford. Vint ensuite le voyage obligé : Bland-Burges mit d’un à deux ans à visiter la France, la Suisse, l’Italie et une partie de l’Allemagne. À son retour il s’agit de choisir une profession : le jeune touriste se décida pour celle des lois ; il suivit les cours de Westminster-Hall, et, à la saison d’été, 1777, il fut admis membre du barreau de Lincoln’s-Inn. Burges était sans nul doute un des jeunes avocats qui avaient le plus de savoir et de pénétration. C’est peut-être ce qui bientôt lui rendit sa profession fastidieuse. Lié avec Pitt et avec le duc de Leeds, il sentit prédominer en lui la fibre politique, et il finit par abandonner totalement les affaires juridiques dès qu’il eut été élu représentant de Helston (Cornouailles) à la chambre des communes, en 1787. Les ministres, ses amis, le nommèrent en 1789 sous-secrétaire d’État aux affaires étrangères. Dans cette belle position, qui le rendait en quelque sorte membre du cabinet, il lança diverses publications sur les affaires du jour, publications précieuses en ce qu’il faut y voir moins l’opinion de l’individu que l’argumentation sophistique du cabinet pour donner le change à l’Europe. Il n’en était point à son coup d’essaí, et dès 1778, c’est-à-dire très-peu de temps après son début au barreau, il imprimait déjà (voy. plus bas). Uni à un autre sous-secrétaire d’État, bientôt il fonda, sous la protection de Pitt, la célèbre feuille quotidienne the Sun (le Soleil), et, dans les commencements surtout, il y fit lui-même une foule d’articles en vers et en prose, badins et sévères, qui contribuèrent puissamment à la fortune du journal, bien que les subventions ministérielles opérassent encore plus. Ces services lui valurent en 1794, conjointement avec Evan Nepean et Cotterell, le poste de commissaire du sceau privé ; puis, en 1795, lorsqu’il résigna celui de sous-secrétaire d’État (la carrière politique le fatiguait comme l’avait jadis lassé celle du barreau), le titre de baronnet de Burville avec celui de maréchal à vie de la maison du roi. Il avait été réélu en 1790 par Helston : il ne se représenta point aux élections suivantes, et bien décidément il ne voulut plus vivre que pour la littérature et pour lui. Beaucoup de poésies, parmi lesquelles un poëme épique, signalèrent cette époque de sa vie, la plus longue de toutes, car elle s’étend de 1796 à 1810 ou 1812, tandis qu’il ne fut avocat que dix ans, et homme d’État que neuf. À partir de 1812 commence, comme une quatrième et dernière phase de l’existence de Burges. L’ex-légiste l’ex-journaliste, l’ex-sous-secrétaire des affaires étrangères, l’ex-poète épique, ne s’occupa plus que de philologie sacrée et de théologie. Sa mort eut lieu en 1824. Il avait été marié trois fois, et ses trois femmes, toutes de familles titrées, l’avaient précédé dans la tombe : de la seconde, lady Anne Montolieu, fille d’un baron de Saint-Hippolyte, il avait eu dix enfants ; les autres unions restèrent stériles. Jusqu’en 1821 il n’avait porté de nom que celui de Burges, et c’est sous ce nom qu’on le trouve cité comme fondateur du Sun, comme homme d’État et comme écrivain ; une ordonnance de George IV lui permit de joindre à son nom celui de Lamb, et d’écarteler les armes des Lamb avec celles des Burges. Voici la liste des ouvrages qu’on a de lui et qu’on peut diviser en quatre sections : 1° littérature proprement dite (9-11) ; 2° politique et polémique (5-8) ; 5° jurisprudence (1-2) ; 4° théologie (15). 1° Considérations sur les lois de l’insolvabilité, Londres, 1785, in-8°. Dans cet écrit, occasionné par la proposition d’insolvabilité portée aux chambres britanniques par le comte d’Effingham, Burger fait preuve non-seulement de connaissances spéciales et positives, mais encore d’esprit philosophique ; c’est le jurisconsulte qui parle, mais déjà l’homme politique se dessine, et aujourd’hui il est aisé de voir que Pitt ne fut pas étranger à cet essai. 2° Lettre au comte d’Effingham sur son Acte d’insolvabilité, 1785, in-8° ; 5° Adresse à ceux des gentilshommes de campagne de l’Angleterre et du pays de Galles qui font partie des cours de comtés, 1789, in-8° ; 4° Lettres sur l’agression de Noutka par les Espagnols. 1790, in-8°, sous le pseudonyme Vérus. C’est une de ces publications patelines, si familières à la chancellerie de la Grande-Bretagne, ou même à toutes les chancelleries, et par lesquelles l’ambitieux rejette toujours sur autrui le tort de l’agression et proteste de sa longanimité, de son désintéressement, de son amour de la paix, ou bien met en avant les grands mots de droit des nations, de liberté du commerce, etc., lorsqu’il s’agit d’un commerce appartenant à d’autres, tel qu’était ou devait être celui de la baie de Noutka. Les Lettres de Vérus furent un des moyens par lesquels le cabinet britannique attira très-vivement l’attention de John Bull sur la contestation de Noutka ; et, comme tout ce qui est de l’intérét de l’Angleterre est incontestablement