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légitime en Angleterre, la cupidité publique, tant aux chambres que hors des chambres, sympathisa très-fort avec la marche que voulaient suivre les ministres et approuva les préparatifs de guerre Contre l’Espagne. 5° Historique des négociations de la France et de l’Espagne en 1790, 1790, in-8°. Tandis que la Grande-Bretagne, armant avec éclat, dépensait soixante-quinze millions à mettre sa marine sur pied de guerre, et obtenait, en vertu de l’alliance du 15 avril 1788, le concours des états généraux qui envoyaient l’amiral Kinsbergen se réunir à la flotte anglaise de Howe, l’Espagne avait réclamé de la France, de par le pacte de famille, l’envoi d’une armée formidable, et l’assemblée constituante, après avoir examiné jusqu’à quel point cet acte engageait la nation, avait décrété, le 24 août 1789, que celle-ci ferait honneur aux obligations défensives et commerciales contractées par son gouvernement, et que Louis XVI serait prié d’équiper quarante-cinq vaisseaux de ligne avec un nombre proportionné de frégates. Cette page intéressante de l’histoire de la révolution naissante est peu connue de ce côté-ci de la Manche ; et surtout on n’a pas assez pensé à la sensation que fit à St-James la détermination vigoureuse de l’assemblée, digne héritière ici des pensées de Louis XVI et fidèle à la politique de la monarchie, quand la monarchie était fidèle à son rôle de grande puissance et d’ennemie de l’Angleterre. L’histoire de Burges accuse bien cette sensation, et, sous ce rapport, c’est un monument à consulter. 6° Lettres d’Alfred, ou revue de l’état politique de l’Europe, 1792, in-8°. Ces lettres avaient d’abord paru, les unes après les autres, dans divers numéros du Sun. Elles roulent naturellement sur les événements contemporains ; le style en est sévère et mâle : on peut encore aujourd’hui les lire avec intérêt, car elles embrassent l’Europe entière, et beaucoup des appréciations, des prophéties de l’auteur ont été, les unes, ratifiées, les autres, réalisées par le temps. 7° Le Casuiste. C’est une satire insérée d’abord dans les colonnes du Sun, et où Burges dépeint les uns après les autres avec autant de verve que de vérité, mais en exagérant beaucoup, suivant les lois de la caricature de tous les temps et de tous les pays, les chefs de l’Opposition. 8° Beaucoup de Contes plus ou moins piquants, parmi lesquels nous indiquerons la Perruque de l’évêque. On peut regretter que ces spirituels échantillons d’une polémique mordante et moqueuse n’aient pas été réunis et imprimés. Il est vrai que, comme tous les recueils de ce genre, ils auraient besoin de notes en grand nombre. 9° Héroïques épîtres de l’avocat Bradshaw parmi les ombres, à John Dumzing, esq., 1778 ; 10° la Naissance et le triomphe de Cupidon, 1796, in-4°. Ce poëme, composé pour de ravissantes gravures publiées par Tomkins, d’après des dessins de la princesse royale Élisabeth, fut reçu avec beaucoup d’applaudissements, et jouit du succès des ouvrages de luxe qu’on trouve quelques mois étalée sur le guéridon, entre la romance nouvelle et l’album de la maîtresse de maison. 11° Richard Ier (ou Cœur de lion), 1801, 2 vol. in-8°. Burges consacra les deux années 1799 et 1800 a la composition de ce poëme, inspiré en partie, ou n’en saurait douter, par l’expédition de Bonaparte en Égypte. Il le corrigea, sinon longtemps, du moins beaucoup, et envoya des épreuves à ses amis, avec prière de les lui renvoyer sévèrement critiquées. De ces exemplaires retrouvés après sa mort, avec les notes d’Ashley, de Boscawen, de Cumberland, etc., plusieurs se sont vendus très-cher. L’ouvrage n’eut pourtant qu’un médiocre succès, et quoique prôné à sa naissance, quoique intéressant par le sujet et par le héros, quoique émanant d’un homme d’État, il tomba tout doucement dans les limbes de l’oubli où dorment tant d’épopées. De mauvais plaisants allèrent jusqu’à dire, faisant allusion au Sun, que c’était une tache au soleil.

12° L’Exodiade (en société avec Cumberland), en deux parties, 1807, 181B ; 15° Richesse, ou la Femme et la mère, 1810, in-9°. Cette comédie, jouée au théâtre du Lycée par la compagnie de Drury-Lane, est tirée de la Cité-Madame, de Massinger. 14° Le Dragon chevalier, roman ; 15° Raisons qui commandent une nouvelle traduction de la Bible, 1819, in-4°.


LAMB (Charles), littérateur et poète anglais, naquit à Londres vers 1775. Après avoir étudié à l’école de grammaire de l'Hôpital du Christ, il entra comme employé dans les bureaux du comptable général de la compagnie des Indes. C’était une singulière individualité d’artiste que Charles Lamb ; parfaitement excentrique, il ne fit jamais pourtant ce que l’on appelle des folies. Toutes ses propensions cependant l’entraînaient vers les gens de lettres et vers les lettres. L’école à la mode alors, c’était l’école laquiste ou lacustre, l’école de Southey, l’école des poëtes cumberlandais. Charles Lamb eut des relations intimes suivies avec tous les coryphées des laquistes ; mais telle était sa haute indépendance d’esprit, tel était son impassible bon sens, qu’il n’adopta nulle de leurs exagérations politiques, s’en tenant littéralement aux principes constitutionnels de la vieille Angleterre, la monarchie limitée, l’épiscopat, les deux chambres, l’aristocratie, le paupérisme. Un mince recueil de vers blancs qu’il publia en 1798, en société avec Lloyd, fut sa première communication au public ; et c’est le seul de ses ouvrages qui porte quelques traces du faux goût des laquistes. Mais dès ce temps il s’était voué (par suite, il est vrai, de leurs inspirations) au culte des vieilles légendes, à la revivification des vieilles époques ; et rapidement il en vint à se choisir une époque favorite sur laquelle il concentra toutes ses études, toutes ses facultés. Ce fut celle d’Elisabeth, étendue de quelques années en deçà et au delà ; et la con-