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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 23.djvu/30

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en remplacement de sir Samuel Romilly, comme représentant de Westminster ; sa candidature, que soutenaient les whigs, avait donné lieu aux scènes les plus orageuses comme les plus burlesques ; il avait eu pour concurrents le radical Hobhouse et le major Cartwright. Mais aux élections générales de 1819 il dut céder la place au premier de ces antagonistes, et ne reparut à la chambre qu’on 1826, par la grâce du duc de Devonshire et comme l’élu de Dungannon. Ce bourg, du reste sembla s’inféoder à lui jusqu’à sa fin, et le nomma encore trois lois son représentant. Lamb fit peu de sensation au parlement. Lord Melbourne, son frère, ne l’en lit pas moins entrer à sa suite au cabinet whig de lord Grey, en 1852, en le prenant pour sous-secrétaire de l’intérieur. George Lamb eut part en cette qualité ù tous les actes de son frère, et, à défaut de grands talents, fit preuve au moins d’esprit de justice et de modération. Il mourut le 2 janvier 1834, la Whitehall-Yard, dans Londres. On a de lui, outre la farce indiquée plus haut, quelques poésies fugitives et une traduction de Catulle (Londres, 1821), qu’il est difficile de se procurer, parce qu’il n’en s été tiré que peu d’exemplaires.

— Les noms de Lamb et Lambe sont communs en Angleterre, et nous pourrions encore citer un autre Georÿe Lala, auteur des Mystères du château de Ferney, Londres,1809, 2 vol. in-12 ; deux vol. in-12, l’un dont parut en 1802 (Londres), in-8°, une comédie intitulée les Amis fashionables ; Pautre, médecin, membre du collège royal de médecine, champion bruyant du régime végétal, et auteur de Ileeherelta rar lu propriétés de l’en de source et nr les précautions à prendre contre ïemploi du plomb dans lu conduils, pompes. réservoirs... (Londres, 1803, in›8°) ; de Recherches : ur l’origine des malaise : de la conrlilulion(Londres,1805, in-8°) ; d’Euaí.r sur l’e fl’d d’un régime particulier prucrü dans les ea : de : quírr/us, etc.

LAMB (Lady Caroline), née miss Caroline Ponsonby, belle-sœur du précédent, mériterait par elle-même d’échapper à l’oubli, n’eût-elle pas eu le malheur d’être une page de la vie de lord Byron. Liée par la naissance aux premières familles de l’Angleterre et de l’Irlande, fille unique du comte (Frédérick Ponsonby) de Besborough, petite-fille, par lady Henriette, sa mère, du premier des comtes Spencer, et, par son aïeule maternelle, arrière-petite-fille des Poyntz et du grand comte de Peterborough, Caroline reçut la plus brillante éducation, mais une éducation de fille unique et d’héritière. Née le 15 novembre 1785, lady Caroline avait à peu près vingt ans lorsque, mariée (le 5 juin 1805) à l’honorable William Lamb, elle fit son entrée dans le monde. Elle y produisit la plus vive sensation et devint une des beautés à la mode, une des premières dames du château. Ce n’est pas qu’elle fût belle, on eût pu même trouver qu’elle n’était pas jolie. Bien faite, mais petite de taille et de formes un peu grêles, blanche et blonde, mais peu régulière de traits, elle eût à peine été remarquée dans un cercle commun. Au sein du monde d’élite où son mari jouait un grand rôle, il n’en était point ainsi. Le contraste de ses yeux d’un noirs ombre avec son teint et sa chevelure d’Anglaise lui donnait quelque chose de singulier ; sa cambrure d’Espagnole, sa désinvolture d’Italienne, sa vivacité de créole frappaient et la classaient à part. Au total, elle attirait, puis captivait et finissait le plus souvent par fasciner. Ses manières excentriques semblaient d’abord décousues, bizarres ; mais on s’approchait pour la mieux voir, et l’en ne s’éloignait plus, et l’en s’y habituait ; on arrivait à y trouver non-seulement du charme, mais ce qui certes ne s’y trouvait pas, de l’harmonie et de la gradation, ou plutôt on ne pensait rien de tout cela : on la voyait belle et on ne la désirait point autrement. Le mariage de lady Caroline Lamb fut d’abord heureux ; elle avait donné le jour a trois fils ; elle se réfugiait de l’insignifiant caquetage des salons dans son intérieur, près de sa bibliothèque, près de son époux, qui, partageant son goût pour les lettres, lisait souvent avec elle les chefs-d’œuvre de Part. Mais cette paisible diversion ne pouvait longtemps satisfaire la vive imagination de la noble lady. Pour ces organisations de feu, il n’est de beaux sites que les sites accidentés ; la vie unie et sans tempêtes lui semblait monotonie et prosaïsme : elle aspirait à quelque malheur. Elle n’en trouva point tant que Byron ne fut pas la. Byron alors courait l’Orient, tantôt à Malte, tantôt en Grèce, en Albanie, ramassant ses impressions de Childe-Harold, du Giaour, du Corsaire, de la Fiancée, et, quoi qu’on en dise, bien parfaitement inconnu de la haute société britannique, à laquelle n’arrivait point d’écho en écho le bruit lointain et affaibli de ses aventures, et ce n’est point, ce ne pouvait être de lui que s’occupait particulièrement alors lady Lamb. Mais quelque temps après, lorsque, de retour en Angleterre, il eut mis au jour les deux premiers Chant : du Pèlerinage ; quand la sincérité profonde avec laquelle est accentué le caractère de Childe eut lait dire que Childe était le portrait de l’auteur, alors Carolina se passionna soudainement pour la célébrité a la mode, et sa passion ne fut point un secret. On la guettait : et elle ne s’en doutait pas, ou plutôt s’en moquait ; et, quand tout lut public, elle affecta de braver encore plus l’opinion. Caroline vit Byron pour la première lois chez lady Jersey ; elle l’avait à peine vu, lorsque, travestie en jockeys, elle s’introduisit chez lui et lui remit, elle-même à lui-même, une lettre revenant à ; « Votre esclave toujours, et ta maîtresse quand tu voudras.» Byron n’était pas homme à ne pas reconnaître, en dépit de l’habit de jockey, que le porteur et l’auteur de lu missive ne faisaient qu’on. La franchise lui plut, la hardiesse lui plut, et en vérité, pendant un temps, il fut à peu près