Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 24.djvu/11

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C Ln j l’olIl-lt luktnénae, et, à partir de cette ai ue, le prit en considératxld. Un savant engagrrtou serviee, le conseiller André Lesser, voccupalt, avec Pautorlsation du prince, d’une amélioration de la législation romaine, appropriée aux besoins du royaume. Leibniz, invité par le prince a lui prêter son concours, •’rn occupa commode son propre ouvrage. En 1668, lls firent paraitre une feuille sous ce titre : Cerïria jaria reeoneùsaaadi ratio. Leibniz avait tenu plume. C’était le programme de leur grande entreprise, et le résumé complet, mais concis, des Eléments du droit qu’il méditait, Elements juria ronani Icodimvi, auxquels il a travaillé depuis. On devait comprendre dans un grand tableau toutes les règles fondamentales, et au moyen de leurs diverses combinaisons, décider de tous les cas qui selprésentaientg de toutes les actions, de toutes les exceptions, à l’imitation de l’Edirnm perpetaun aucun. La seconde partie, entièrement’consacrée à la justification des éléments, se divisait en deux parties appelées Nucleus legmn et corpusjuri : reeoucinnauin. Leibniz, accablé d’all’aires et de travaux de tout genre, distrait par les voyages et les fonctions qu’il remplit pendant son séjour à Francfort et à Mayence, demanda la continuation de son privilège, mais laissa l’œuvre inachevée. Plus tard, il ne cessa d’exciter les empereurs d’Allemagne Léopold et Charles VI à doter leur pays d’une législation uniforme. Les siècles suivants se sont chargés de reprendre et de continuer son œuvre. Le cercle dans lequel Leibniz vivait, ses relations quotidiennes avec Boinebourg et son entourage, auraient sutli pour ne pas le laisser froid et indifférent à la vue des nuages qui assombrissaient l’horizon de lütllemagne du côté de la l·’rance. Leibniz publiciste applique à la politique et à l’histoire les vues rationnelles que le jurisconsulte avait appliquérs à la jurisprudence. Leibniz commença de bonne heure sa carrière de publiciste, et il la commença comme l’autre, par un coup d’éclat. Il avait vingt-trois ans ; nous ne parlons pas d’un premier écrit qu’il avait composé l’année précédcuir, à la demande de Boinebourg, pour sontenir la candidature du prince de Neubourg au tronc de Pologne, demeuré vacant, et qui parut sous ce titre = Specimen dcosonstrotionum politicorum. pro cligendo rege Polonormn, nono oeribendi geuere ad certitudinein ezaetum. C’était, en efletu une espèce de démonstration en forme et même un peu trop scolastique, dont la majeure était qu’il fallait élire un catholique : eltgendus carholieu : mo, et la conclusion que ce catholique devait être le prince de Neubourg. llais la scolastique et les raisonnements les plus démonstratif s, appliqués aux affaires politiques, n’curent pas tout le succès qu’en attendait le · thuanien Ulieovius (pseudonyme de Leibniz) et son candidat ne fut pas élu. Des événements p us graves se préparaient à, l’occident. La foi p i. que aux traités était menacée par l’ambltlon

d’un jeune prince qui tournait déjt ses regards vers Allemagne et inquiétait sa sécurité. C’est dans ces circonstances et sous Plnduence de son mettre que Lelbnia, à Scbwalbaclt, compose du B aut ! août 1670, c’est-s-dtre en trois jours, le mémoire intitulé Securite : interna et extras et étant : promu. Entré complètement dans les vues politiques de lloinebourg, ll rejets comme lui la trlple alliance, comme un roseau qui P¢ !*sc casser, et se déclara pour la bonne entente avec la France. llals l’année suivante, 16’lt, s la nouvelle des aententents de Louis XIV, son patriotisme éclate, et il jette le cri d’a, Iarme dans la seconde partie de ce remarquable manifeste. « ll faut, dit-ll, une Q coalition contre la France. » ltardie et granite conception qui avait le tort d’être conçue trop tot, comme celle qu’il appelait avec orgueil son invention d’État et qu’il allait bientôt présenter à Louis XIV. Nous voulons parler d’un projet d’expëdltion en Égypte, pour détourner de l’Allemagne les armes et la puissance de Louis XIV et les rejeter sur l’Orient, projet le plus gigantesque que politique et philosophe ait jamais conçu, puis-. qu’il s’agissait de détourner le cours de la puissance du gra’nd roi et de hàtur ainsi peut-être de deux siècles le cours du temps en supprimant Napoléon. Ce que nous remarquons, c’est l’«·ssor de cette pensée cncore reten e sans doute dans les formes de la scolastiqikgèiais qui em- · brasse déjà le monde par la fé dité et l’universalité d’un principe. Dans la première partie de la Securilax publica, il revait une sorte de conseil des amphictyons pour l’Europe, grande et sublime idée, sinon très-pratique ; mais les politiques eux-mêmes adoptèrent l’idée d’une alliance défensive pour le maintien des traités. Telle est cette période de Francfort et de Mayence marquée par des écrits et des travaux de toutes sortes. Dans l’intervalle des affaires, Leibniz sut trouver encore le temps de faire un catalogue méthodique de la bibliothèque de Boinebourg. Dans l’été de 167t, Leibniz, fatigué, fit un voyage sur le Rhin, de Strasbourg à Mayence : il raconte =poétique meut ce voyage dans un fragment de dialogue De religions rustiei (Paris, 1673). il décrit les rives du fleuve, tranquilles alors, et montrant partout une riche vendange déjà mùrie par l’automne : « Vous auriez cru, dans cette paix profonde de la nature, ajoute-t-il, voir bondir les collines, et les uym• phes d’llercynie (la Foret-Noire) mener leurs ~ danses à l’entour, dans l’excès d’une joie peti commune. Mais vous avez vu les jeux folatres des dauphins sur les eaux, présage de tempête : l’Allemagne en joie me paraissait de même se •· hater de jouir d’une paix qu’elle allait bientôt perdre. On eût dit que le Rhin, ce roi des fleuves, instruit des destinées, goûtait les dernières douceurs d’une liberté qui ne durerait point. Maintenant misérable, entouré d’artnécs, profané jusque dans son lit, charge de flottes ennemies