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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 31.djvu/413

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OROBIO (Isaac de Castro), fameux écrivain juif, naquit au commencement du 17e siècle en Portugal, suivant Rodriguez de Castro (Escritores rabinos españoles), en Espagne suivant l’abbé de Rossi (Dízionario storico degli autori ebrei). Ses parents, qui professaient extérieurement la religion catholique, lui imposèrent le nom de Balthazar. Il fit ses études à Salamanque avec tant de distinction, qu’il mérita d’occuper une chaire de philosophie dans la célèbre université de cette ville. Il cultiva depuis la médecine et en donna des leçons à Séville. Ayant eu l’indiscrétion de découvrir son attachement intérieur au judaïsme, il fut jeté dans les cachets de l’inquisition, d’où il ne sortit qu’au bout de trois ans. Après cet événement, il passa en France et s’arrêta quelque temps à Toulouse, où il enseigna la médecine. Ne pouvant plus se contraindre sur ses opinions religieuses, il se rendit à Amsterdam, et y abjura solennellement la foi catholique. Il reçut la circoncision, changea son nom de Balthazar en celui d’Isaac, et professa publiquement la loi de Moïse. Il exerça la médecine le reste de sa vie, et mourut en 1687. Nous avons de lui : 1° trois écrits latins, publiés et réfutés par Philippe de Limborch dans son livre intitulé De veritate religionis Christianæ amica collatio cum erudito Judæo, Gouda, 1687, in-12 ; Bâle, 1740, in-8°. Grobio choisit les arguments les plus spécieux que les Juifs ont coutume d’opposer à la divinité de la religion chrétienne, et il les manie avec beaucoup d’adresse et de subtilité. C’est le jugement qu’en porte Limborch lui-même dans sa préface. 2° Certamen philosophicum propagnatæ paritatis divinæ ac naturalis adversus Joannis Bredenburgii et Spinosæ principia, Amsterdam, 1681, 1684, 1703 et 1730, in-12 ; à la fin de la Réfutation des erreurs de Benoît Spinosa, par Lenglet du Fresnoy, et séparément en latin et en hollandais. Cet ouvrage est regardé comme un des plus forts contre le système de Spinosa. 3° Prevenciones divines contra la vana idolâtria de las gentes. Ce traité, dans lequel Orobio s’attache à prouver que Dieu, dans les livres de la loi, a prévenu les israélites de tous les sophismes inventés par la gentilité, afin de les prémunir contre la séduction, est conservé manuscrit dans la bibliothèque des Pères de la Merci à Madrid. 4° Respuesta a un escrito que presento un prédicante frances a el author contra la observancia de la divine Ley de Moseh. Manuscrit dans la même bibliothèque des Pères de la Merci. 5° Epistola invectiva contra Prado, un philosofo medico que dubdava, o no creya la verdad de la divina Escritura. Ces trois ouvrages inédits ne forment qu’un seul volume in-folio. Voyez Joseph Rodriguez de Castro, Biblioteca espanola, Madrid, 1781, t. 1. 6° Israël vengé, Londres, 1770, in-12. De Rossi, dont l’article manque d’ailleurs de précision et d’exactitude, pense que ce livre, que Rodriguez de Castro ne cite même pas, n’est qu’une compilation des principales objections d’Orobio contre la religion chrétienne, mises en français par Henriquez, et non pas la traduction d’un ouvrage particulier de cet écrivain. Nous sommes porté à croire que l’Israël vengé n’est autre chose que la traduction des deux opuscules que l’abbé de Rossi a désignés, n°’ 4 et 5, sous le titre de Explications du chapitre 53 d’Isaïe, et des 70 semaines de Daniel, sans les avoir vus, composés en espagnol, et même imprimés dans cette langue,

suivant le témoignage d’un savant ecclésiastique. La matière en est la même. L’auteur de cet article a réfuté, dans plusieurs de ses discours imprimés, quelques-unes des difficultés d’Orobio sur l’accomplissement des prophéties dans la personne et à l’époque de Jésus, fils de Marie ; et il a consigné dans des discours inédits la réponse au reste des déclamations de ce violent ennemi du christianisme. Outre les ouvrages déjà cités au sujet d’Orobio, voyez la Bibloth. hebr. de Wolf, et la Bibliothèque judaïque antichrétienne de Rossi.

L—b—e.


ORODES, ou mieux OUORODES, roi des Parthes, s’assura, par le meurtre de son frère Mithridate, la possession d’un trône qu’il avait déjà payé d’un parricide (voy. Mithridate III). Cependant Crassus, élu consul pour la seconde fois, se disposait à faire la guerre aux Parthes ; Orodès, informé de son dessein, prépara de son côté une vigoureuse résistance. Ayant divisé son armée en deux corps, il envoya Surena, son lieutenant, au-devant dé Crassus, et pénétra lui-même dans l’Arménie, dont le roi était allié des Romains. Surena, qui joignait beaucoup d’habileté à une grande valeur, attira les Romains dans des piéges, les vainquit, et tua Crassus (voy. Caassus). Orodes était à table chez le roi d’Arménie. avec lequel il venait de conclure un traité d’alliance, lorsqu’on lui apporta la tète du général romain ; et on dit qu’il ui fit couler de Por dans la bouche, en le raillant de son avarice. Jaloux de.la gloire que Surena s’était acquise par ses victoires sur les Romains, Orodès le lit mourir bientôt après, et se priva ainsi du plus ferme appui de son trône. L’an 52 avant J.-C., Pacorus, fils d’Orodès, pénétra dans la Syrie et vint assiéger Antioche ; mais Cassius, qui défendait cette place, le repoussa avec perte, et s’étant mis à sa poursuite, remporta sur lui différents avantages. Les guerres civiles qu’occasionna la mésintelligence de César et de Pompée laissèrent respirer les Parthes pendant quelques années. Enfin Ventidius, l’un des lieutenants d’Antoine, lava la tache que la défaite de Crassus avait imprimée au nom romain : il remporta sur les Parthes (l’an 39 avant J.-C.) une victoire signalée près de l’Euphrate. Pacorus fut trouvé percé de coups sur le champ de bataille ; et Orodès fut si affligé de la mort d’un prince recommandable par les plus brillantes qualités, que l’on crut qu’il en perdrait la raison. Déjà vieux