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et malade, il voulut abdiquer ; mais il était embarrassé pour désigner son successeur parmi trente enfants qu’il avait de différentes femmes. Il choisit Phrahate, l’ainé, et le plus vicieux de tous. Celui-ci, pour s’assurer la possession paisible du trône, fit massacrer ses frères ; et, craignant les reproches d’Orodès, il tenta de l’empoisonner en lui faisant avaler de l’aconit. Ce poison ayant guéri Orodès d’une hydropisie, Phrahate le fit assassiner l’an 37 avant J.-C. Telle fut la fin d’un prince ambitieux et cruel, mais qui avait quelques-unes des qualités qui font les grands rois. On a des médailles d’Orodès. Voyez Vaillant (Imperium Arsacídarum), et l’Iconographie grecque de Visconti. Chaufepié lui a consacré dans son Dictionnaire un article assez étendu.

W-s.


OROLOGGI. Voyez Dondis.


ORONCE FINÉ. Voyez Finé.


OROSE (Paul), historien, florissait au commencement du 5e siècle. Suivant l’opinion la plus généralement adoptée, il était né à Tarragone, ville célèbre de Catalogne ; mais le marquis de Mondejar a cherché à établir, dans une dissertation, qu’Orose était de Brague en Portugal[1]. Il se destina de bonne heure à l’état ecclésiastique ; et désirant pouvoir combattre avec avantage les erreurs qui commençaient à se répandre en Espagne, il recourut en 414 aux lumières de St-Augustin, et lui remit un écrit contenant l’exposé des principes des priscillianistes et des origénistes, imprimé dans les Œuvres du saint docteur. Orose, accueilli par l’évêque d’Hippone, demeura un an auprès de lui, et fit, sous sa direction, de grands progrès dans les sciences sacrées. Ce fut par son conseil qu’il entreprit le voyage de la Palestine, uniquement pour consulter St-Jérôme sur l’origine de l’âme. Caché à Bethléhem près du grand maître dont il était venu de si loin chercher les leçons, il ne s’attendait nullement à être invité à assister au synode convoqué à Jérusalem au sujet de l’hérésie de Pélage. Il crut devoir s’y rendre, et obtint que Pélage et ses adhérents seraient tenus de garder le silence jusqu’au retour des députés qu’on enverrait à Rome solliciter une décision du souverain pontife. L’évêque de Jérusalem nommé Jean, partisan secret de Pélage, voulut punir Orose de son zèle en l’accusant de blasphème. Ce fut à cette occasion que celui-ci composa l’écrit intitulé Apologeticus de arbitrii libertate, où, après s’être justifié du reproche que lui adressait l’évêque de Jérusalem, il démontre toutes les fâcheuses conséquences de la doctrine des pélagiens. Orose retourna en 416 près de St-Augustin, et y travailla par son avis à un ouvrage destiné à répondre aux plaintes des païens, qui accusaient le christianisme d’être la cause de tous les malheurs dont l’empire était affligé. Il n’eut pas de peine à prouver, par des faits, qu’à toutes les époques, depuis l’origine du monde, les hommes ont été exposés aux mêmes fléaux et aux mêmes accidents. On croit qu’Orose avait donné à cette compilation le titre : De miseria hominum, titre qui conviendrait à l’histoire en général[2]. L’Histoire de P. Orose finit à l’année 316 ; elle a été imprimée pour la première fois à Augsbourg par Jean Schusler, 1471, in-fol. Cette édition, faite d’après de bons manuscrits, est très-rare et très-recherchée. Celle de Vicence, 1475, in-fol., tient aussi un rang distingué parmi les curiosités typographiques : il en existe des exemplaires avec quelque différence dans la souscription. (Voy. le Manuel du libraire, par M. Brunet.) Cet ouvrage a été réimprimé plusieurs fois dans le 15e siècle, le 16e et le 17e (voy. la Bibl. latina de J.-Alb. Fabricius) ; mais la meilleure édition, et la plus commode, est celle que Sigeb. Havercamp a publiée avec des notes sous ce titre : Adversus paganos historíarum libri VII, Leyde, 1738 ou 1767, in-4o. C’est la même édition dont on a renouvelé le frontispice[3]. L’histoire d’Orose a été traduite dans presque toutes les langues modernes. La traduction française, Paris, Vérard, 1491, in-fol., que Mercier, abbé de St-Léger, attribue à Claude de Seissel, est recherchée ; il existe de cette édition un exemplaire sur vélin à la bibliothèque de Paris : c’est celui qui fut présenté au roi charles VIII. D’ailleurs cet ouvrage n’est pas seulement une version du texte latin, c’est une compilation dans laquelle les récits d’orose sont joints à ceux de quelques autres auteurs, et qui remonte au 14e siècle (voir l’ouvrage de M. Paulin Pâris sur les Manuscrits françaís de la bibliothèque du roi, t. 2, p. 121). L’édition de 1491 fut suivie de deux autres, publiées également par Vérard : l’une sans date (vers 1503), l’autre en juillet 1503. Deux nouvelles réimpressions, mises au jour à Paris en 1515 par Michel le Noir, en 1526 par Philippe le Noir, attestent le succès qu’obtint ce livre. Nous ne mentionnerons pas les traductions en d’autres langues ; cependant nous ne pouvons passer sous silence la version anglo-saxonne, faite par le roi Alfred à la fin du 9e siècle, et dont la première édition complète parut, avec une version anglaise d’après le saxon, par les soins de Barrington, sous ce titre : The anglo-saxon version from the historian Orosius by Ælfred the Great, etc., Londres, 1773, in-8o

  1. Le système du marquis de Mondejar a été combattu par Paul Ignace Dalmasses y Roz, Dissertatio historica por la patria de Paulo Orosio, Barcelone, 1702. in-fol. de 396 pages. On trouve un extrait de ce livre dans les Mémoires de Trévoux, de mars 1703, pp. 428-441.
  2. Les savants ont beaucoup discuté sur le véritable titre de cet ouvrage, dont les manuscrits portent Hormesta, Ormista, De Ormesta, etc. Chr.-Ang. Heumann croit qu’il faut lire Hormisdas, et que c’est un des noms de l’auteur. Voy. Programma quo Paulo Orosio nomen latine tertium Hormisia restituitur', Gottingue, 1732, in-4o, et la Dissertiuncula du même Heumann dans les Acta eruditor. Lipseas, Suppl. t. 10, p. 263-268.
  3. Au commencement du 18e siècle, Gérard de Maëstricht, à Brême, et Jean Leclerc, à Amsterdam, en annonçaient de nouvelles éditions qui n’ont point paru (voy. Henr. Newton).