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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 34.djvu/43

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fille d’un maître des comptes, dont il eut trois fils et d’une fille. Madame de Pomponne obtint du roi une pension de douze mille francs que l’exiguïté de sa fortune lui rendait nécessaire. « On peut ajouter ce fait, remarque Dangeau, à tous les éloges que l’on doit à un homme aussi vertueux que M. de Pomponne, qui avait demeuré si longtemps dans le ministère[1]. » Madame de Pomponne mourut le 31 décembre 1711. M. J. Mavidal a fait paraître en 1860 un volume in-8°, Mémoires du marquis de Pomponne, publiés d’après un manuscrit de la bibliothèque du corps législatif, précédés d’une introduction et de la Vie du marquis de Pomponne. — Arnauld (Henri-Charles), chevalier, seigneur de Luzancy, frère du précédent, demeura toujours dans la solitude et consacra sa vie à la piété et à l’étude de la religion, sans être pourtant dans les ordres sacrés. Il vécut, avec son père à Port-Royal des Champs, et il l’accompagnait à Pomponne quand les circonstances les obligeaient de s’y réfugier. Arnauld d’Andilly aimait particulièrement M. de Luzancy ; il exprime d’une manière touchante les sentiments qu’il lui portait dans un codicille du 8 avril 1667 : « Je donne à mon fils de Luzancy tout ce que j’ai de meubles, qui, de quelque peu de valeur qu’ils soient, lui sont d’autant plus propres que la vie retirée que Dieu lui a fait la grâce d’embrasser fait qu’il les aimera d’autant plus qu’ils sont simples. »


POMPONE (Antoine-Joseph-Arnauld, chevalier de), second fils de Simon, fut nommé colonel de dragons vers le mois de mai 1689. Il prépara au maréchal de Luxembourg le succès de la bataille de Fleurus, gagnée le 1er juillet 1690, en emportant deux redoutes élevées sur les bords de la Sambre. Madame de Grignan en complimentait M. de Pomponne en ces termes : « Il ne sera jamais parlé de la bataille de Fleurus sans que M. votre fils soit nommé avec l’éloge que mérite celui qui en a commencé le bonheur et donné l’exemple de la plus brillante valeur[2]. » M. de Pomponne, à peine rétabli dans les bonnes grâces du roi, eut la douleur de perdre ce fils, qui lui donnait de si justes espérances et qui mourut de maladie à Mons en 1693.


POMPONE (Henri-Charles-Arnauld, dit l’abbé de), troisième fils de Simon, naquit à la Haye en 1669, pendant l’ambassade de son père. Sa naissance donna occasion à ce dernier de prouver son désintéressement : les États Généraux lui firent offre de tenir son fils sur les fonts baptismaux, ce qui aurait assuré à l’enfant une pension viagère de six mille livres. M. de Pomponne remercia les États : il craignait de ne plus conserver la même liberté dans les négociations. Le roi donna au jeune Pomponne l’abbaye de St-Maixant en 1684, et vers l’année 1693 il le nomma à l’abbaye de St-Médard de Soissons.

Pomponne fut conseiller d’État ordinaire, ambassadeur à Venise et auprès d’autres puissances de l’Italie. On assure qu’à la mort de son père (1699) Louis XIV lui dit : « Vous pleurez un père que vous retrouverez en moi, et moi je perds un ami que je ne retrouverai plus. » Il fut nommé en 1716 chancelier des ordres du roi. En 1743, il fut élu membre de l’Académie des inscriptions. On n’a de lui aucun ouvrage : l’auteur de cet article conserve quelques-unes de ses lettres, adressées à M. de Caylus, évêque d’Auxerre, dans lesquelles il défend avec énergie la mémoire du docteur Arnauld, son grand-oncle, attaquée par le P. Pichon, jésuite, dans son Esprit de Jésus-Christ, etc. (voy. ce nom). L’abbé de Pomponne remplit avec talent et fermeté les fonctions qui lui furent confiées, et il mourut en 1756. Il fut le dernier des Arnauld : son frère aîné, Nicolas-Simon Arnauld, marquis de Pomponne, brigadier des armées du roi et lieutenant général au gouvernement de l’île-de-France, ne laissa qu’une fille, qui fut mariée en 1715 à M. de Gamache.


POMPONE. Voyez Aamutn.


POMPONIUS (L.), poëte latin, né à Bologne 90 ans avant l’ère chrétienne. Il se distingua dans la composition des pièces joyeuses et satiriques qui portaient le nom d’Atellanes ; mais il ne reste de ses écrits que de maigres fragments. Ils ont été recueillis par Bothe dans le volume des Fragmenta comícorum, qui fait partie des Poetæ scenici latini, publiés par ce savant. Il existe une dissertation de E. Munk, De Pomponio Atellanorum scriptore, Glogau, 1826, in-8°.

Z.


POMPONIUS (Sextus), jurisconsulte romain, paraît avoir vécu depuis le temps d’Adrien jusque sous Marc-Aurèle. Quelques-uns croient qu’il était de la famille du célèbre Pomponius Atticus, l’ami de Cicéron et de presque tous les hommes illustres de son temps. D’autres voudraient qu’il y eût eu deux jurisconsultes du nom de Pomponius ; mais cette opinion n’a pas trouvé de nombreux partisans. Pomponius avait composé des traités sur différentes matières de jurisprudence. Il nous en reste seulement des fragments que les rédacteurs du Digeste y ont insérés. Le plus remarquable est celui qui forme la seconde loi du titre de l’origine du droit. On y trouve l’histoire de la législation depuis la fondation de Rome jusque vers le temps de l’auteur. Les critiques modernes y ont découvert beaucoup d’erreurs et d’inexactitudes. Pomponius avait aussi étudié la philosophie. Il ne se déclara pour aucune des sectes qui de son temps divisaient encore les jurisconsultes. Il prenait dans chacune d’elles ce qu’il y avait de meilleur. J.-L. Uhle a donné en 1661 : Collectio opusculorum ad historias juris, et maxime ad Pomponii Enchiridon illustrandum pertinentium ; réimprimé en 1735, avec une préface de J -Tbéoph. Heineccius, qui renferme une

  1. Mémoires de Dangeau.
  2. Lettre du 18 juillet 1690.