Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 34.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notice détaillée sur la vie et les écrits de Pomponius. Les fragments de ses ouvrages ont été publiés par H.-T. Pagenstecher, Hanau, 1723 ; Lemgo, 1725. 1750, in-4°, et dans d’autres collections plus récentes. Humbold a mis au jour à Leipsick, en 1792, in-8°, ce qui reste de l’Historia juris et de quelques autres écrits de ce légiste.

B-i.


POMPONIUS. Voyez Mela.


POMPONIUS LÆTUS (Julius), savant célèbre par son érudition et sa bizarrerie, était bâtard de l’illustre maison des San-Severini, une des premières du royaume de Naples. Honteux de cette tache comme d’une faute qui eût été la sienne, il garda le silence le plus profond sur sa famille et sur le lieu de sa naissance. Aussi son nom et sa patrie ont-ils été longtemps un problème pour les biographes. Les uns prétendent que son nom était Pierre, et c’est le sentiment qu’ont suivi Pope-Blount[1] et Baillet[2], qui s’accordent à l’appeler Pierre de Calabre ; d’autres, et à leur tête A.-M. Conti (Majoragius), cherchent à prouver qu’il s’est nommé Bernardin, et citent à ce sujet une réponse prétendue de Pomponius au pape Paul II, qui lui reprochait d’avoir changé de nom. Enfin Platina, Sabellicus et Paul Jove, plus croyables sur ce point, à cause de l’étroite amitié qui les unissait à ce savant, le désignent constamment sous le nom de Pomponius Lætus Sabinus [3]. Mêmes incertitudes sur son pays : Toppi[4] et Mazza[5] le font naître à Salerne ; Paul Jove et Guazzo dans la Marche d’Ancône, et Vossíus[6] en Calabre. Cette dernière opinion a prévalu, et l’on convient généralement aujourd’hui que Lætus naquit en 1425 à Amendolora, château de la haute Calabre, lequel alors appartenait à la maison des Caraffa. Ses parents n’épargnèrent rien pour lui donner une brillante éducation ; il eut pour maîtres d’abord Pierre de Monopoli, un des grammairiens les plus remarquables de l’époque, et ensuite Laurent Valla. Formé par ces hommes fameux, Pomponius fit des progrès rapides dans les sciences, et bientôt le disciple devint le rival de ses maîtres. Jeune encore, il se rendit à Rome, alors la ville favorite de tous les littérateurs et de tous les savants. Là, son érudition et son éloquence lui attirèrent les applaudissements universels, mais en même temps excitèrent l’envie. Des ennemis trouvèrent moyen de le rendre suspect au pape Paul II, et quelques années après il fut accusé d’avoir pris part à une conspiration contre le pontife. En conséquence de cette dénonciation, il fut arrêté à Venise et transporté à Rome, où il languit pendant plusieurs années, tantôt au fond des cachots, tantôt sous le joug d’une surveillance inquiète et soupçonneuse. Cependant la seule charge alléguée contre lui était d’avoir changé les noms des jeunes gens ses disciples et d’avoir remplacé par des noms païens ceux qu’ils avaient reçus au baptême, singularité qui n’était que pédantesque, mais que ses accusateurs anonymes représentaient comme mystérieuse et voilant de grands complots. Enfin Paul II mourut, et avec sa vie finirent les persécutions dirigées si longtemps contre Pomponius. Sixte IV et ensuite Innocent VIII lui témoignèrent toujours les dispositions les plus favorables, et dès lors il put sans rien craindre reprendre ses travaux habituels. C’est à cette époque qu’il composa la plus grande partie de ses ouvrages ; c’est alors aussi qu’il fut nommé à l’une des chaires du collége de Rome. Dans ce poste, il ajouta beaucoup encore à la gloire que dès sa jeunesse il s’était acquise comme savant. Sa réputation même était si grande que, son usage étant de commencer ses leçons à la pointe du jour, quelques-uns de ses auditeurs allaient dès le milieu de la nuit retenir des places. Plusieurs de ses disciples eurent de la célébrité dans la suite, entre autres André Fulvio de Préneste, auteur d’un poëme descriptif sur les antiquités de la ville de Rome ; Conrad Peutinger, un des restaurateurs de l’étude de la langue latine en Allemagne ; Sabellicus ; Alexandre-Farnèse, depuis pape sous le nom de Paul III. Pomponius Lætus mourut à Rome le 21 mai 1497. L’originalité et l’exagération de quelques-unes de ses idées ne l’ont pas rendu moins célèbre que l’étendue et la variété de son érudition. Enthousiaste de Rome antique, il avait renfermé tous ses travaux, toutes ses connaissances dans le cercle de la république et de l’empire. Il célébrait avec une religieuse exactitude l’anniversaire de la fondation de Rome et s’agenouillait tous les jours au pied d’un autel dédié par lui à Romulus. Il ne lisait que les auteurs de la plus pure latinité, traitant de barbares non-seulement les écrivains qui parurent après la décadence de l’empire, mais encore la Bible et les Pères. Cette bizarrerie était le seul grief qu’on pût lui reprocher. Du reste, sa vie était simple, ses mœurs pures, son ambition nulle. Il méprisait les richesses et le luxe, et vécut dans une telle pauvreté que, dans sa dernière maladie, il fallut le transporter à l’hôpital, et que ses amis furent obligés de fournir aux frais de ses funérailles. Mich. Ferno (voy. ce nom) prononça son éloge, publié par Mansi dans les additions à la Bibl. med. et infim. laliníl. de Fabricius. Il laissa un grand nombre d’ouvrages, qui sont : 1° un traité De magistratibus, sacerdotiis et legibus Romanarum. La meilleure édition-est celle de Rome, 1515, in-4°. 2° De Romanæ urbis antiqui-

  1. Censur. celeb. auctor., p. 496-497.
  2. Crit. gramm., p. 313, etc.
  3. D’autres l’appellent Pomponius Sabinus ; mais il paraît que ce dernier nom est celui d’un auteur différent, connu par un commentaire sur Virgile, imprimé à Bâle, Oporin, 1644, in-8° ; mais composé dès 1486. Voy. Sax, Onomasticon, t. 2, p. 491 et 496.
  4. Bibliothèque napolitaine.
  5. Abrégé de l’histoire de Salerne.
  6. Hist. Lat., lib. 3.