Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/110

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Et cultiver en paix les arts et l’amitié,
D’un monde que j’oublie, heureux d’être oublié !
O toi qui m’as reçu, simple et douce retraite,
Tu n’obtiendras jamais l’encens d’un grand poëte !
Ton jardin est modeste, et son enclos heureux
N’inspire point l’orgueil d’un vers présomptueux.
Toujours sourd à la voix des brillantes nayades,
L’écho n’y redit point le vain bruit des cascades.
On n’y voit point ces rocs, ouvrage du ciseau,
Ni ces vieux monumens, faits dans un goût nouveau ;
Ni ces ponts traversant un fleuve, où l’œil à peine
Découvre un filet d’eau qui se perd dans la plaine.
D’un temple on n’y voit point les orgueilleux débris,
Ni ces pompeux ormeaux, en voûtes arrondis,
Ni ces plants étrangers, ces arbres sans patrie,
Que l’Europe, à grands frais, a conquis sur l’Asie.
Plus riche, et moins brillant, j’y vois l’abricotier
De ces fruits jaunissans couvrir l’humble espalier ;