Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/84

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Dans ces vallons rians
Je renonce avec joie à vos cirques bruyans.
L’ignorance barbare et la révolte impie
Ont voilé d’un long deuil les autels de Thalie ;
Melpomène étalant ses tragiques douleurs,
Ne trouve plus, hélas ! Le chemin de nos cœurs.
Quel français au milieu des publiques misères
Pourroit pleurer encor des maux imaginaires ?
Dans le vide des jours, dans la longueur des nuits,
Vous seuls, je vous regrette, ô mes livres chéris !
Bossuet, Fénélon, dont le divin génie
Quelquefois m’a distrait des maux de la patrie ?
O vous ! Dont j’admirois les talens, les vertus,
A vos doctes leçons je n’assisterai plus ;
Je ne t’entendrai plus, ingénieux Delille,
Tour-à-tour l’interprête et l’égal de Virgile ;
Fontanes, dont la voix consola les tombeaux ;
St-Lambert qui chantas les vertus des hameaux ;
Morellet, dont la plume éloquente et hardie
Plaida pour le malheur devant la tyrannie ;
Suard qui réunis, émule d’Adisson,
Le savoir à l’esprit, la grâce à la raison ;