Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/133

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pour moi la place de cadi, de Sainte-Sophie, car cette place me convient aussi ; il me tarde de retourner à Stamboul, et de me reposer dans la jolie maison que j’ai à Scutari. » Après m’avoir parlé de la sorte, le cadi m’a demandé si je connaissais M. de Ribaupierre ; j’ai cru d’abord, qu’il voulait solliciter la protection de l’ambassade moscovite pour être nommé au moins grand juge de la Romélie ou de l’Anatolie, mais il ne m’a plus rien dit.

Telle est cette magistrature turque, qui a conservé quelque chose de son origine nomade, et qui change de juridiction et de pays comme nos régimens changent de garnison. Tous les moyens lui sont bons pour parvenir à ses fins. Toutefois cette justice, courant le monde et ne s’arrêtant nulle part, s’adressant à tous ceux qui passent, et même à des infidèles, tient l’opinion des peuples dans sa main. Il suffit qu’elle soit l’organe de la loi religieuse, l’arbitre suprême de toutes les affaires, pour régner sur l’esprit des osmanlis. De quelque manière qu’elle agisse et qu’elle se montre, c’est encore ce qu’on respecte le plus dans l’empire ottoman. Je ne conseillerais pas néanmoins au cadi d’Artaki de se vanter auprès de certains vrais croyans d’avoir quelque crédit à l’ambassade de France ou à celle d’Angleterre.

Nous avons quitté le cadi, et nous avons fait nos adieux au bon primat qui nous avait si bien