Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/142

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reste, il se moquait de tout ce qu’on disait autour de lui ; il, parlait fort peu ; et lorsque la mer nous laissait quelques momens de repos, il tricotait des bas bleus dans un coin du calque, ou disait ses prières dans un livre arménien, sans que rien pût troubler la sécurité de son esprit.

Nous avons débarqué à Rhoda, petit village grec, situé à trois ou quatre lieues d’Artaki. En nous promenant sur le rivage, nous avons remarqué quelques beaux marbres qui ont appartenu à une église ; comme la tramontane recommençait à souffler violemment, nous avons passé la nuit à terre, et nous n’avons remis à la voile que le lendemain après le lever du soleil. La côte de Cisyque, que nous ne perdions point de vue, est presque partout couverte de bois, et n’offre des terres cultivées que sur les rives de la mer. Nous sommes arrivés avec peine jusqu’à la pointe de la presqu’île, où se trouve un assez gros village, qui porte le nom de Karaki. Je vous ai dit que M. Poujoulat avait pris la fièvre dans les souterrains de Cisyque ; comme nous avions fait un trajet pénible, et que les vagues de la mer avaient trempé nos vêtemens, chacun de nous sentait le besoin de se reposer à terre, et mon compagnon malade ne pouvait supporter plus long-temps toutes les incommodités de notre embarcation. D’un autre côté, notre caloyer du mont Athos avait l’espoir de faire une bonne quête à Karaki, habité par des Grecs. Nos mariniers nous ont débarqués. Nous