Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/170

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le célèbre trépied d’or, consacré à Apollon, après la victoire de Platée. Le fust de la colonne, composé de trois serpens en spirale, était surmonté par les têtes même des reptiles sur lesquels reposait le Trépied. Ces têtes ne subsistent plus aujourd’hui. On attribue la première mutilation de ce monument à Mahomet II, qui abattit une des trois têtes du serpent avec sa hache d’arme. Que sont devenus les deux autres ? L’histoire ne nous apprend rien là-dessus. Tout ce que je puis vous dire, c’est que les monumens anciens de l’Orient ont trois sortes d’ennemis à redouter : le temps, les Turcs et les amateurs.

Au reste, le gouvernement de Stamboul ne prend aucun soin de ces monumens, et les Osmanlis passent tous les jours dans l’Hippodrome sans prendre garde à la colonne de Constantin, à la colonne serpentine, à l’Obélisque. Ces restes de l’antiquité n’ont pour eux rien de national, rien qui parle à leur imagination et à leur patriotisme. Je dois ajouter, comme remarque générale, que les Turcs n’élèvent jamais de monumens sur leurs places publiques ; ils ne connaissent pour la décoration de leurs cités ni les obélisques, ni les colonnes, encore moins les images de l’homme et des animaux empreinte sur un métal ou sur la pierre. Seulement, ils se plaisent quelquefois à décorer l’urne d’une fontaine ; et les monumens de ce genre sont, après les mosquées et les marbres des cimetières,