Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/188

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temps. La malpropreté ne suffit donc pas ici pour expliquer les ravages de la contagion ; il me semble qu’on pourrait plus raisonnablement les attribuer au défaut de surveillance pour l’introduction des marchandises et l’arrivée des étrangers ; mais il est probable que les précautions sur ce point essentiel ne seront jamais prises. Comment déterminer-les Turcs à veiller sur toutes les avenues de Stamboul ? Comment les déterminer à se mettre, à la fois sur la défensive du côté de la terre et du côte de la mer ? Si jamais la Porte consentait à prendre toutes les mesures nécessaires, elle serait aussitôt arrêtée par les réclamations du commerce, et surtout par les préjugés nationaux. Toutes les fois qu’il a été question de fonder un régime sanitaire, le commerce a protesté, et le fanatisme musulman s’est plaint de l’espèce de violence qu’on faisait à la fatalité. Il y a quelques jours qu’on a voulu établir une espèce de quarantaine pour les navires venus de l’Égypte et de la Syrie : on a mis un embargo sur les marchandises, et les matelots ainsi que les passagers ont eu la permission de débarquer. Une autre fois sans doute on retiendra les passagers et les matelots, et les marchandises pourront être transportées à terre. C’est ainsi qu’on ne fera jamais les choses qu’à moitié, ce qui n’arrêtera ni les murmures du peuple ni les progrès du mal. La peste ne s’est point montrée ici depuis deux ans, et