Aller au contenu

Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est la providence seule qu’il faut en remercier.

Mais revenons à la police. L’exécution des lois somptuaires à été de tout temps une de ses principales attributions. Quoique l’habillement des Turcs, comme je vous l’ai dit dans ma précédente lettre, ait subi beaucoup de changemens, il ne faut pas croire néanmoins qu’on ait proclamé à Constantinople la liberté des costumes, et que chacun soit le maitre de s’habiller comme il l’entend. Les réglemens pour les rayas sont toujours les mêmes ; Si un raya s’avisait de porter un manteau blanc ou écarlate au lieu d’un manteau noir ou brun, si un Arménien ne portait pas des bottines couleur cerise, si un Juif ou un Grec se montrait avec des babouches jaunes, la révolte serait notoire et la punition exemplaire. Il n’est pas permis aux Turcs de paraître dans les rues avec certaines formes de turban ; j’ai vu tout un bazar en émoi, parce qu’un étranger avait commandé un kahuk défendu par les dernières ordonnances. Ce qu’il y a de singulier dans cette révolution des costumes, pour ce qui concerne les Osmanlis, c’est que les interdictions sont tombées sur ce qui était ancien, bien plus que sur ce qui était nouveau ; les Turcs sont libres d’adopter la plupart des formes de vétemens qui ressemblent à nos vêtemens d’Europe, et ceux qui usent de cette permission présentent une étrange bigarrure ; ceux-ci ont pris nos bottes, nos souliers ou nos pantalons, ceux-là nos redingotes ;