Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

times. Ici un espace est resté vide, et le gazon y croit à peine. Plus loin, les arbres sont aussi pressés que les tombes. Les gens riches se réservent une enceinte séparée, où ils se font ensevelir avec leurs familles ; ces enceintes, que le cyprès ombrage, sont entourées d’un grillage de bois ou d’un mur à hauteur d’appui ; on y cultive des fleurs et des arbustes. Souvent je me suis arrêté devant le mausolée d’un pacha ou d’un visir, et regardant les arbres qui couvrent la tombe de ces maîtres d’un jour, je me rappelais le cyprès dont nous parle Horace, le triste cyprès, dernier bien et dernier compagnon de l’homme qui fut riche et puissant sur la terre.

Les tombes des Francs, des Arméniens, des Grecs et des Juifs, occupent autour de Constantinople des espaces très-étendus ; quelques-uns de leurs cimetières sont placés dans un terrain aride et découvert, d’autres dans des lieux ombragés par des muriers et des platanes ; les cyprès paraissent réservés aux musulmans ; chacun se fait suivre au cercueil des vaines images de cette vie ; l’artisan y paraît avec les instrumens de sa profession, le riche avec les attributs de sa fortune, la pauvreté même y étale ses armoiries, et le voyageur est quelquefois surpris de ne point retrouver l’humilité du christianisme dans les tombes chrétiennes. Quoique le Coran interdise aux morts la magnificence, les Turcs mettent souvent une grande