Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/295

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sez. Ce qu’on appelle le tombeau du Géant est une enceinte ou plutôt un parterre entouré de murs, et couvert d’arbustes et de fleurs ; des morceaux d’étoffes pendent aux rameaux des arbres en manière d’ex voto ; l’Osmanli qui était avec moi a suspendu aux branches d’un laurier quelques chiffons verts et blancs ; après avoir versé une légère aumône entre les mains d’un derviche qui a son habitation à côté du sépulcre, il a fait sa prière dans une petite mosquée construite auprès de l’ermitage ; il n’en faut pas davantage pour être miraculeusement guéri. Je ne sais pas au juste ce que les Turcs entendent par le tombeau du Géant ; mais je serais beaucoup porté à croire que ce géant n’est autre chose qu’un Santon qui aura été enseveli sur cette montagne. Quoi qu’il en soit, les traditions de l’antiquité se mêlent ici à la superstition des Turcs ; le sommet de ce mont fut appelé autrefois le lit d’Hercule, et c’est là qu’on a placé le tombeau du roi Amycus. Le derviche qui s’est fait le gardien de cette tombe inconnue, subsiste des offrandes de la piété sans s’inquiéter de savoir le véritable nom du personnage dont il protège la poussière. Placé si près du ciel et sur le chemin des vents et des Orages, le cénobite musulman est chargé, comme Élie sur le Carmel, d’annoncer, dans les temps de sécheresse, l’apparition des nuages, précurseurs de la pluie ; il tourne ses regards du côté des flots de l’Euxin, et quand il dé-