Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/296

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couvre un point noir au bord de l’horizon, Stamboul en reçoit aussitôt la bonne nouvelle. Cette poétique mission qui sans doute appartient à quelque coutume antique, me donne lieu de faire une observation qui peut-être vous paraîtra assez juste ; c’est que les Turcs si barbares à nos yeux ont conservé dans leurs usages et leurs lois une foule de traditions appartenant aux âges héroïques, aux temps glorieux ; nous les regardons comme les plus mortels ennemis des siècles poétiques, et si nous connaissions à fond leur législation et leurs habitudes, nous y retrouverions d’antiques souvenirs que l’histoire et les monumens des arts n’ont pu nous conserver.

Avez-vous visité cette délicieuse vallée qu’on appelle la Vallée ou l’Echelle du Grand-Seigneur ? Je ne me souviens pas d’avoir rien vu d’aussi frais, d’aussi charmant. C’est d’abord une grande étendue de gazon couverte de platanes, arrosée par une petite rivière qui s’enfuit vers la mer ; autour de cette verte plaine où fleurissent la marguerite, la violette, l’anémone et la tubéreuse, s’élèvent des coteaux couronnés de cyprès, de sapins et de chênes, dont le penchant présente de rians bosquets formés par les lauriers, les arbousiers et les jasmins ; là les rossignols chantent toujours, les tourterelles ne vont jamais chercher d’autres demeures, et chaque saison les retrouve sur la même colline avec leurs amours et leurs roucoulemens