Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/297

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plaintifs. Quelques maisons sont éparses le long dés coteaux ; les Osmanlis qui habitent ces douces retraites peuvent se croire sur le chemin du paradis. On rencontre, çà et là dans les bois des tombes surmontées de turbans, entourées d’ifs et de cyprès ; sous ces froides pierres reposent des Musulmans qui pendant leur vie ont prié sur le gazon de la vallée ; ils ont fumé la pipe et savouré le nectar d’Arabie au pied de ces chênes et de ces noyers qui maintenant ombragent leurs sépulcres. Sur un monticule que baigne la rivière, au milieu des noyers et des platanes, s’élève la papeterie de Sélim III. Cet établissement n’a pu réussir malgré la protection du sultan Mahmoud et la religieuse vénération des Turcs pour le papier. Des fontaines en marbre blanc se montrent à différens intervalles sur les bords de la rivière ; elles ont été construites pour faciliter aux Musulmans les moyens de faire leurs pieuses ablutions ; elles servent aussi d’ornement au paysage, car aux yeux des Turcs il n’est point de beau paysage sans quelques fontaines En avançant du côté du Tchiflik de Tokat qui donne son nom à la rivière, on trouve des bassins aux bords desquels les saules inclinent leurs rameaux. Au fond de la vallée, à l’orient, les collines se rapprochent et présentent de plus rians tableaux. Je regrette de n’être point allé jusqu’au Tchiflik de Tokat ; j’en ai entendu parler comme d’un lieu ravissant.