Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Autrefois les sultans fréquentaient beaucoup cette vallée ; c’est là surtout qu’ils aimaient à étaler leur Magnificence. Les tentes d’azur se mêlaient à la verdure des bois ; les riches tapis d’Ispaham étaient étendus sur la pelouse, et ce luxe impérial, cette pompe asiatique mêlée à l’appareil d’un camp, représentaient à l’imagination tout le merveilleux des contes orientaux. Maintenant l’échelle du grand seigneur ne voit plus les nombreux esclaves du Sérail, la magnificence de la cour impériale. Mahmoud se rend dans la vallée en tarbouch et en redingote, accompagné seulement de quelques garde et de quelques favoris. Assis dans un kiosque, il encourage de ses regards les régimens qu’on dresse aux manœuvres européennes ; pour ma part j’aimerais mieux voir dans la vallée la pompe d’un camp impérial, la course des chevaux tartares, les jeux belliqueux du djerid. La réforme a gâté tout ce qu’il y avait de poétique à Stamboul et dans les habitudes musulmanes ; pour peu que cela continue, il n’y aura plus rien de curieux dans ce pays. Nous ne pouvons oublier que, d’après le témoignage des vieux chroniqueurs, l’armée de Louis VII resta campée plusieurs semaines dans cette vallée, où s’élevait alors une colonne dorée. Les changeurs de monnaie de la capitale s’y étaient transportés, et leurs boutiques, dont l’aspect avait ébloui les champions de la croix, furent livrées au pillage.

Ma dernière promenade m’a conduit aux eaux