Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/403

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Je vous retracerai avec fidélité les images qui ont attristé mes regards ; le bazar n’est pas loin de la colonne brûlée et de la mosquée de Soliman. Nous sommes d’abord arrivés dans une cour spacieuse et de forme irrégulière. Autour de cette cour, sont des loges construites en bois de sapin, avec des portes et des fenêtres grillées comme dans une volière ou dans une ménagerie. Au milieu de l’enceinte s’élèvent des estrades, où de graves Musulmans, assis sur des divans, furent leur chibouc, ce sont les marchands d’esclaves. En entrant dans la cour, nous avons remarqué un groupe de jeunes filles maures, assises, par terre, le visage et le sein découverts, parées de quelques pièces grossières de bijouterie. Ces pauvres créatures ignorent complètement leur sort ; elles sourient à tous ceux qui passent près d’elles ; sur l’estrade la plus voisine de la porte d’entrée, on voyait douze ou quinze petits nègres dont le plus âgé n’avait pas douze ans. Ils étaient tout nus, ils avaient l’air triste et paraissaient avoir froid, car ils viennent des contrées les plus brûlantes de l’Afrique ; l’interprète qui m’accompagnait, a voulu leur dire quelques mots en arabe, ils ne l’ont point compris ; il leur a parlé turc, ils ne l’ont pas entendu davantage ; le jargon dans lequel ils s’exprimaient, est inconnu de tous ceux qui entendent les langues d’Orient. Quel pays de l’Afrique les a vus naître ? Peut-être sont-ils venus des sources du Niger ? Ils