Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/406

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hommes de toute condition, de tout âge, viennent marchander les esclaves ; ils leur prennent les mains, ils leur mesurent la taille, ils les font marcher, parler, quelquefois même chanter et danser ; les femmes captives se prêtent à tout cela, selon que la physionomie de l’acheteur leur plaît ou leur déplaît, car le sort de leur vie dépend de celui qui les achète, et la vente de leur personne est pour elles toute une destinée. Plusieurs matrones sont attachées au bazar ; souvent on les fait venir pour examiner les femmes exposées en vente ; ces femmes sont-elles bien constituées, n’ont-elles, point d’infirmités secrètes, ont-elles conservé ou perdu leurs avantages naturels ? voilà ce qu’il est important de savoir avant de les acheter. Le prix qu’on met aux femmes esclaves, tient pour l’ordinaire à leur jeunesse, à leur beauté, à leurs talens pour la danse, pour la musique et la broderie. Nous n’avons vu dans le bazar que des figures très-communes ; celles qu’on regarde comme des beautés se vendent dans des maisons particulières, où le public n’est pas admis. Lorsqu’un musulman vient à mourir, on expose le plus souvent au bazar les esclaves qui font partie de la succession ; il arrive aussi qu’un patron revend les esclaves qu’il a achetés. On m’a dit que le bazar devient quelquefois une espèce de maison de correction, et qu’un esclave y vient recevoir la punition d’une désobéissance ou d’une infidélité. Un inspecteur, nommé par la police, est