Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et les flots, amoncelés par l’orage, menaçaient à chaque instant de nous engloutir. Notre frêle embarcation à été plusieurs fois sur le point de chavirer, et nos bagages et nos vêtemens étaient tout trempés de l’onde amère. Il a bien fallu reconnaître que nous avions eu tort, nous avons prié nos marins de retourner au mouillage d’où nous étions partis. Une chose digne de remarque, pour des amis de l’antiquité comme nous, c’est que cette contrariété nous arrivait à l’endroit même où Xerxès fit distribuer trois cents coups de fouets à la mer, pour punir ses flots rebelles. Nous n’étions guère en mesure d’exercer une pareille justice envers les élémens, et d’infliger aux ondes courroucées la moindre correction. Aussi avons-nous pris le parti de descendre modestement à terre, et d’attendre avec patience et résignation que l’orage fut apaisé.

Comme nous avions le plus beau temps du monde malgré la tempête, nous nous sommes retirés dans une vigne située sur la rive, et notre caravane s’est assise en cercle à l’ombre d’un grand noyer. Nous avons choisi dans notre bibliothèque de voyage tous les livres qui pouvaient compléter nos études sur le pays d’Abydos et de Sestos que nous avions devant nous. Nous avons relu ]e passage d’Hérodote où le vieil historien raconte comment Xerxès fit construire un pont sur le détroit et comment l’armée du grand roi traversa la mer.