Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/70

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qu’une attention indifférente sur tout ce qui les environne. Ce que j’ai vu dans le tchiflik de Bergassi a confirmé une remarque que j’avais déjà faite, c’est que la religion musulmane n’encourage point l’agriculture ; le prophète de la Mecke n’avait fait des lois que pour des hordes nomades, et non pour les paisibles habitans des campagnes, il avait réservé ses encouragemens pour ceux qui ravagent la terre, et n’avait guère songé à ceux qui la cultivent. Le coran, qui est là règle de tout chez les Musulmans, s’est contenté de dire aux laboureurs que le ciel récompenserait leurs travaux, ce que la nature leur avait dit avant lui et mieux que lui.

Depuis que nous sommes en Asie, nous admirons à chaque pas tout ce que la nature a fait pour la prospérité du pays, et nous déplorons tout ce que font de leur coté l’ignorance et la barbarie pour détruire ou neutraliser les bienfaits du ciel. Le tchiflik qui nous a reçus à des terres d’une immense étendue, les champs, et les domaines qui en dépendent suffiraient, avec une médiocre culture, à l’approvisionnement et aux besoins d’une cité ; mais la plus grande partie du territoire est inculte, le reste est négligé et mal cultivé. Une population active et industrieuse manque partout à cette terre féconde ; les Turcs ont une répugnance presque invincible pour toute espèce de travail, et particulièrement pour tout ce qui a rapport à l’agriculture. Parmi les autres peuples qui habitent ces contrée,