Page:Michel - Contes et légendes.djvu/38

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Une idée vint à Marthe, elle la communiqua à la grand’tante, alors âgée de quatre-vingts ans, et qui la chérissait comme par le passé.

Elle l’eût même encore gâtée si Marthe n’eût été raisonnable.

« Ma tante, dit la jeune fille, il me semble que nous pouvons obtenir un arrangement du créancier de mon père ; gagnant huit cents francs par an, je puis lui en donner cinquante tous les mois, le jour où je toucherai mes appointements. Peut-être acceptera-t-il. »

La bonne vieille approuva l’idée, et voulut accompagner sa petite fille.

Lorsqu’elles arrivèrent chez Marcel frères, toutes deux furent fort surprises de voir sur l’enseigne du commerçant une pièce d’argent sculptée en relief avec cette inscription : (Aux cinquante centimes du jour de l’an).

Elles se souvinrent des cinquante centimes de Marthe et n’osant se communiquer leur pensée, elles entrèrent dans le magasin.

L’aîné des frères Marcel était assis au bureau, faisant l’office de caissier ; le plus jeune remplissait l’emploi de garçon de magasin ; une femme paraissant plus souffrante qu’âgée, remplaçait tantôt l’un, tantôt l’autre de ses fils.

Marthe, que la grand’tante aimait à entendre parler, parce qu’elle en était idolâtre, exposa le but de leur visite très-simplement, mais avec une énergie qui prouvait qu’on pouvait se fier à sa parole.

Marcel, l’aîné, à qui elle s’était adressée, appela sa mère et son frère.