Page:Michel - Contes et légendes.djvu/39

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Il avait reconnu, non pas Marthe, grandie énormément, mais la bonne vieille, qui depuis dix ans avait à peine changé.

« Nous avons, dit-il, l’honneur de voir celles qui sont cause de notre aisance. »

Et comme sa mère et son frère s’étaient empressés d’entourer les deux arrivantes, il raconta qu’après le départ de Marthe et de la vieille dame, il les avait longtemps cherchées, car ni lui ni son frère ne demandaient l’aumône.

En rentrant chez leur mère, comme il ne pouvait se consoler, l’amie chez laquelle il n’avait trouvé personne entra à son tour ; elle apportait de l’ouvrage et un peu d’argent.

On put donc acheter du pain sans toucher à la petite pièce qui avait rendu le cœur si gros à l’aîné.

Il fut même tout à fait consolé dans sa fierté quand sa mère lui dit : « Peut-être qu’à ton tour tu pourras rendre, si tu travailles, des services aux autres sans les offenser. »

Félix Marcel, ayant réfléchi là-dessus, demanda la pièce de dix sous pour en faire l’usage qu’il voudrait, annonça qu’il ne rentrerait que le soir et prit à la main son petit frère, qu’il ne quittait jamais, avec un air de résolution comme s’il eût été à la conquête du monde.

Les deux amies, l’ayant laissé sortir avec un sourire, car c’était un brave enfant en qui on pouvait avoir confiance, s’amusèrent à le suivre de loin.

Félix, tenant toujours son petit frère par la main, alla jusqu’à une marchande d’objets à un sou et lui demanda si