Page:Michel - Contes et légendes.djvu/40

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elle pouvait lui en vendre pour dix sous, au prix des marchands, — car il allait rentrer dans le commerce !

La marchande partit d’un interminable éclat de rire ; mais comme c’était justement à cette même place que l’enfant avait tant cherché la dame aux dix sous, elle se douta de quelque projet courageux.

Non-seulement elle ajouta aux objets une forte pacotille en disant : « Tu me paieras ceux-ci quand tu auras une recette », mais elle prit les deux frères sous sa protection, et leur arrangea une toute petite table devant la sienne. Tous trois étaient, le soir, tellement amis, qu’ils ne pouvaient plus se séparer. Ils gagnèrent ce jour-là le triple de leur mise. La bonne marchande n’avait pas d’enfants. Quand l’époque du jour de l’an fut passée, elle les prit pour l’aider dans sa petite boutique, sous prétexte qu’ils lui seraient fort utiles, car Félix n’y aurait pas consenti sans cela.

Le commerce avait prospéré ; en dix ans, la boutique de la mère Hortense était devenue un gros magasin où vivaient les deux veuves et les deux frères.

Tout cela, grâce aux dix sous de Marthe !

Félix en était là de son récit, quand rentra la mère Hortense qui revenait tout à propos de quelques courses.

Je vous laisse à penser, chers enfants, quel accueil on fit à Marthe et à la grand’tante.

Félix exigea que les six cents francs ne lui fussent remis qu’au bout de quatre ans.

À cette époque-là, le père de Marthe ayant fait de meilleures affaires, le magasin des frères Marcel ayant continué à prospérer, tout le monde fut d’avis que pour la fête