Page:Michel - Essai sur la décoration extérieure des livres, 1878.djvu/14

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dans les premières Reliures faites en Italie pour cet amateur, ce sont les fers pleins que l’on trouve mêlés aux entrelacs ou en bandes.

La France, qui pendant la première moitié du seizième siècle n’avait été que la rivale de l’Italie, la laisse, à partir du règne de Henri II, bien loin en arrière. Ce sont, en effet, des Relieurs français qui exécutèrent ces grandes compositions des Reliures de Diane, merveilleuses hauteurs que nous verrons encore quelquefois atteindre, mais jamais dépasser.

L’exécution de ces dessins de trait est extrêmement difficile ; on en jugera facilement en voyant qu’ils ne sont pas obtenus à l’aide de fragments gravés à l’avance, mais bien avec de petits segments de cercle assez semblables aux outils des sculpteurs. Ces livres furent les joyaux de la bibliothèque de la favorite, les autres appartenant aux deux écoles précédentes.

La Reliure est alors entièrement dégagée de sa servitude envers l’Imprimerie, et elle ne lui empruntera plus les éléments de sa parure qu’à l’heure de sa décadence totale à la fin du dix-huitième siècle.

Aussitôt après ces chefs-d’œuvre se placent les curieuses Reliures dites de Henri III, qui marquent l’instant d’une transformation évidente. Les entrelacs sont moins hardis, moins libres, et reviennent à une forme plus géométrique ; ils ne manquent pas pour cela d’élégance, mais l’absence de remplissage leur donne une froideur que viennent encore augmenter les sinistres armes du milieu des plats.

Cette forme décorative va exercer une grande influence ; elle est dès cette époque le point de départ de toute une école, et plus tard ces entrelacs serviront de canevas aux plus brillantes fantaisies de maître Le Gascon lui-même.

Dans les compartiments formés par ces entrelacs linéaires,