Page:Michel - L'ornementations des reliures modernes, 1889.djvu/18

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rares artistes ont été mis au jour et publiés ; les procédés de reproduction les ont rendus accessibles à tous et tous y ont puisé à pleines mains. Aussi quelle prime à la paresse !

Quelle différence entre l’éducation des artisans il y a vingt-cinq ans et aujourd’hui ! Avait-on aperçu, dans un musée, à la façade d’un palais, ou dans le coin reculé d’une église sombre, un détail, pierre, bois, fer ou cuir, il fallait passer quelquefois de longues heures en tête à tête avec ce modèle pour le dessiner. À ce travail on s’imprégnait littéralement de l’œuvre et malgré toute la bonne volonté possible on n’amassait que bien peu de documents ; mais avec une telle méthode, c’était dans l’esprit de l’artiste que se logeait son savoir. Ainsi faisaient les anciens maîtres ornemanistes : aussi, quand on leur demandait un modèle, ils y pensaient… et, une fois l’idée trouvée, se mettaient résolument à l’œuvre, sûrs que leur main exercée ne trahissait pas leur pensée. Ils possédaient un acquis, un fonds de véritables connaissances et à ces souvenirs qu’ils ne pouvaient servilement reproduire, ils ajoutaient de leur